Allez, remets-toi dans le bain !
Se remettre dans le bain.
Comme si on en était sorti !
Ce n’est pas parce qu’on a changé d’air qu’on a changé de bain, car les bains sont multiples et nous conditionnent, bien au-delà des impressions immédiates.
À chaque rentrée, comme à chaque nouvelle année, vlà, le listing des nouveautés, des sages décisions à appliquer, des disciplines à suivre, des activités à commencer ou à perpétuer, bref des occupations multiples et variées qui donnent au quotidien un air de joyeuseté plus vaillante. C’est que ça recommence ; avec les jours qui bientôt ne prendront plus le pas sur les nuits, nous entrons dans les moissons d’automne avant le temps d’hiver qui ordonne le renouveau. Faut penser à tout, mais parfois le tout, le ptitout est si déconnecté du grand Tout, qu’on y perd son latin, quand ce n’est pas la conscience qui se perd dans les emballements quotidiens.
Faut penser à ce qu’il faut faire, et pour ne rien oublier nous voilà adeptes de listes dont le déroulé ne cesse de noircir les pages ou les écrans, histoire de tenter d’être exhaustif dans un monde où les formes se divisent et se déclinent comme des histoires sans fin.
Mais penser à tout, comme penser le Tout est impossible, car l’un comme l’autre sont en expansion et quand on les approche par le petit bout de la lorgnette, ils échappent à l’entendement humain. Faut sortir du détail pour approcher le global, un global qui n’est ni Tout, ni approximation, mais capacité d’inscrire nos petites histoires, nos petits et nos grands projets, nos vues partielles dans le panorama de l’existence qui se dévoile à mesure que se dessine l’horizon de l’essence.
C’est la rentrée, mais la rentrée n’est de fait jamais terminée, car chaque instant donne l’occasion de pénétrer plus avant une zone d’inédit qui peut enfanter de nouvelles propositions. Y’a pas à se remettre dans le bain, y’a qu’à sortir des différents bains, pour décider avec plus d’acuité dans quelles eaux voyager.
Comme des poissons inconscients de l’océan, l’humain s’ébat dans le brouhaha de ses faires, qu’il prend pour de savantes affaires alors qu’ils ne sont qu’occupations éloignant d’un essentiel qui le baignent pourtant en permanence sans qu’il sache le reconnaître.
Faut pas se remettre dans le bain, faut faire le tri des bains multiples qui délavent de l’essence en incitant à goûter les bains variés de l’existence.
Faut pas se remettre dans le bain, faut savourer sa quintessence, reconnaître la trame sous-jacente que les faires occultent quand ils s’imaginent que tout commence ou recommence à chaque rentrée.
Faut pas se remettre dans le bain, faut choisir dans quel bain naviguer et se donner les moyens de garder le cap d’un penser ensemble qui abolit les listes d’inessentiel pour ne se consacrer qu’à l’objectif d’être présent en toutes circonstances, pour servir au mieux l’intérêt commun.
Dès lors, plus de listes, une seule chose à laquelle se vouer : être.
Faut pas se remettre dans bain, faut juste tenter d’y être pleinement ensemble, conscient de la permanence du subtil qui sert d’écran à tout ce qui le masque. Faut pas se remettre dans le bain, on y est tous et toutes et c’est ce qui signe notre profonde communauté.