Apprendre par coeur
Apprendre par cœur, c’est faire corps avec ce qui s’enseigne et en être transformé. Comme le chœur antique qui se déplace à l’unisson, à l’unigeste, à l’unisensorialité et déploie sa force unitaire sur l’ensemble des spectateurs, apprendre par cœur c’est saisir de l’intérieur les leçons que la Vie nous offre, en être saisi et les rayonner.
Car le cœur irradie.
Il répand dans toutes les dimensions, une lumière subtile qui traverse, découvre et harmonise les espaces qu’il pénètre…
La connaissance éclaire, et cet éclairage accepté par le cœur aide à comprendre, à prendre ensemble le cours de notre destinée humaine, celle de la Terre et des Terriens.
« Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît pas », car la raison parfois ignore ou feint d’ignorer, la solidarité fondamentale de tout système, l’individivisibilité du vivant, qui cependant s’affiche séparé.
Comprendre résulte de l’apprentissage par cœur, de l’apprentissage qui parle d’un Tout qui nous contient, et non d’une dissection de données externes dont nous concevons l’articulation par la seule observation.
L’approche extérieure ne remanie pas notre être profond. Elle fait de nous de bons récitants mais pas de bons acteurs. Ce n’est pourtant qu’en actant et en intégrant des leçons du monde que nous prenons part à l’évolution ; alors nous incluons un nombre croissant de données susceptibles de repousser les frontières de l’obscurantisme et de la division.
Apprendre par cœur conduit à une perception intrinsèque du sujet abordé, et propose à chacun de naitre d’un inconnu apprivoisé en s’accordant au même tempo. Ainsi nous n’apprenons plus par cœur des données que d’autres nous inculquent mais nous apprenons en chœur, et par la voie du cœur, les éléments que nous sommes prêts à accueillir pour croitre en humanité.
Sans cœur, nous apprenons à prendre, à emmagasiner, à thésauriser une somme d’indications et de références qui ne nous permettent plus de quitter les digues de nos savoirs.
Sans cœur, nous arpentons les mêmes quais, collectionnant les éléments qui nous ressemblent, parfois engoncés dans nos manteaux qui deviennent des armures promenées sur des territoires où seuls pénètrent ceux qui cultivent des intérêts identiques.
Difficile alors d’évoluer, ou d’imaginer un autre monde possible.
Apprendre sans cœur sépare, quand apprendre par cœur rassemble, invite chacun à reconnaître sa place, puis à l’occuper pleinement pour progresser en chœur.
L’Univers fonctionne de façon solidaire ; l’articulation et l’ajustement du Tout et de ses parties signent l’existence d’une organisation cohésive, cohérente et intelligente de la Vie.
Les hommes qui apprennent sans cœur grippent le système en fonctionnant dans l’orbe de leur nombril et de leur profit ; ils ne se perçoivent plus comme élément constitutif d’une entité qui les abrite, et se désolidarisent par un savoir déconnecté de leur lien indéfectible à la communauté.
« L’essentiel est invisible pour les yeux, on ne voit bien qu’avec le cœur. »*
Eduquons nos regards pour faire du monde, la terre d’accueil des savoirs essentiels, présents en toutes situations que le cœur envisage.
* Le Petit Prince – A. de St Exupéry