Arrête de pinailler
D’accord tu veux bien faire, d’accord tu voudrais que l’autre fasse mieux, d’accord ton exigence part toujours d’un bon sentiment ; mais n’oublie pas que l’enfer est pavé de bonnes intentions. Donc cherche, cherche systématiquement à découvrir la nature de tes intentions.
Ce sont elles qui donnent le « la » du concert de ton quotidien. Ce sont elles sur lesquelles exercer ton jugement critique, non pour te critiquer à outrance, mais pour discerner systématiquement le point de transmutation qui permettra une avancée certaine, fût-elle minime, sur le chemin du mieux. Un mieux ni trop, ni trop peu. Un mieux naturel, léger, sans orgueil, ni fausse modestie.
Il ne faut pas avoir les yeux plus gros que le ventre sous peine d’indigestion. Il ne faut pas mettre la barre trop haut sans risquer l’échec permanent. Il ne faut pas prétendre à l’inatteignable pour éviter le découragement. Mais il ne faut pas non plus se reposer sur ses lauriers pour s’engager dans l’amélioration.
Arrête de pinailler et mets le grand angle pour percevoir les mouvements évolutifs dans le grand champ de tes expériences et de celles de tes voisins. À ne voir le monde qu’à travers ton microscope, tu ne vois qu’un microcosme déconnecté de l’environnement. Dès lors tu t’agites dans le bocal de tes petites expériences. Persuadé de voir le monde à travers la paroi transparente de ton aquarium, tu tournes en rond en habit d’explorateur, bien à l’abri de tout ce qui pourrait te conduire vers de nouvelles contrées.
Pinailler c’est toujours se fixer de façon quasi obsessionnelle sur une chose que l’on dramatise au point qu’elle bouche tout l’horizon. Pinailler c’est donner une importance exacerbée à une petite chose que l’on prend pour une grande. C’est oublier que nous avons un monde en partage et qu’il convient de relativiser notre vision pour soutenir celle qui répond à l’amélioration de la communauté. C’est un vouloir bien faire ou une pression pour que l’autre fasse bien, si personnels que cela restreint le champ des possibles et conduit à faire du surplace, alors que tout engage pourtant à avancer. C’est chercher la petite bête alors qu’il n’y a pas de bêtes à chercher.
Pinailler, c’est accorder trop d’importance à ce qui nous concerne quand il suffit d’ajuster une façon de faire à un contexte, d’harmoniser nos manières d’être ensemble, de soigner nos communications, d’adapter nos modes de coopération pour concourir collectivement au mieux-être de la communauté.
Alors, ne pinaille pas ; donne-toi, offre tes services, pour contribuer pleinement aux besoins de la société, y compris lorsque ceux-ci ne rentrent pas exclusivement dans tes objectifs particuliers.
Ne pinaille plus, sois juste là confiant, et conscient de ton pouvoir bienfaiteur. C’est ainsi que tu améliores incognito le devenir du monde.