Attention, urgence !
Attention il y a urgence, mais il n’y a pas précipitation.
Et c’est dans cette nuance entre urgence et précipitation que vient se loger le chemin qui mène aux priorités essentielles.
Il y a urgence à être Soi, à cultiver les valeurs globales, à servir l’éducation, à répondre sans exclusion et sans exclusive à l’ensemble des besoins de l’humanité. Car les besoins de respect, de reconnaissance, de justice sociale, d’équité sont là ; et force est de constater que le commun des mortels ne se précipite pas pour y répondre.
Force est de constater que la précipitation est un sport populaire qui joue du désir et de la réactivité, là où l’urgence appelle un parler vrai, un aimer vrai, un partager vrai et une réelle coopération pour avancer ensemble sur le chemin des justes relations.
Il y a urgence, mais inutile de se précipiter sans réfléchir à des solutions formelles qui, à la manière d’un sparadrap sur une jambe de bois, donnent l’illusion d’agir, alors que nous ne faisons que des ronds dans l’eau tout en ayant l’impression de traverser un océan de possibles. Toute précipitation risque d’aggraver les déséquilibres, quand l’urgence demande une acuité, une précision, une vision, et une détermination sans faille.
Évidemment il y a urgence et urgence ; évidemment il y a précipitation et précipitation. Si en ces temps d’assèchement des nappes phréatiques, les précipitations sont bienvenues ; si dans l’urgence vitale, se hâter d’accomplir les bons gestes afin d’être efficace est bénéfique ; si urgence et précipitation apparaissent parfois comme les facettes d’un même phénomène dont nul ne peut déplorer les effets, il n’en est pas toujours ainsi !
En ne se précipitant pas dans la compréhension de l’immédiat, sans tenir compte du contexte ni des causes visibles, invisibles, conscientes ou inconscientes, l’urgence de la compréhension peut se dégager de toute précipitation, saisir l’essentiel de ce qui vient se dire et y répondre au mieux sans urgence ni précipitation pour s’accorder avec finesse aux mouvements énergétiques qui précipitent en manifestation des apparences résultant toujours de causes qui échappent aux précipités de nos présupposés et de nos réponses réflexes.
Aïe ! Trop compliqué !
Et nous voilà pris en flagrant délit de précipitation à rejeter ce qui ne nous est pas accessible instantanément ! Ce qui demande un effort de compréhension.
Or il y a urgence à chercher à comprendre derrière les mots, derrière les maux, ce dont il est question pour pénétrer le monde des causes et faire en sorte que les conséquences qu’il génère ne travestissent pas l’essentiel qu’il est urgent de découvrir, urgent d’incarner, urgent de déployer pour que nous puissions pleinement manifester notre humanité.
C’est cette humanité qu’il est urgent d’incarner pour répondre à notre identité.
Alors, travaillons l’urgence d’être humain, et découvrons toutes les valeurs qui lui sont associées. Mais attention, l’urgence d’être ne souffre pas les à peu près.
Alors, pas de précipitation !