Bien entendu !
Bien entendu, dans une conversation vient dire l’évidence. Nous avons bien entendu, clairement compris de quoi il était question ; il est aussi bien entendu que nous serons présents à tel ou tel rendez-vous professionnel, amical, familial. Nous sommes attendus, bien entendu, comme vous êtes fin prêts, en d’autres circonstances. Cette locution qui vaut mieux, bien mieux qu’un mal entendu vient dire qu’un bien se tient sous-jacent, derrière tout fait établi.
Car un bien, entendu, reconnu, écouté, un bien entendu qui se hisse au-dessus d’un acquiescement apparent, sincère ou convenu, un bien entendu est toujours guérisseur. Si chacun s’attelle à révéler le bien derrière les évènements du temps, si chacune s’attelle à relever le bien qui parsème le quotidien, si tous s’attellent à magnifier le bien qui, inlassablement emprunte les couleurs de l’espoir, nul doute que le monde, que notre monde apparaîtra sous un jour nouveau. Le bien entendu d’heure en heure remplacera la critique, les râleries diverses, les quiproquos et les insatisfactions.
Qu’est-ce qu’une insatisfaction si ce n’est un bien qui s’est fait la malle ? Ou qui n’est pas reconnu alors qu’il gît, tapi sous nos présents sans que nous le distinguions. Le bien est à entendre au-delà des mots, au-delà du mal, et si nous aiguisons nos tympans subtils pour le déceler derrière le brouhaha et le tamtam des mauvaises nouvelles, des tapages multiples, nous le verrons progresser à grands pas malgré l’apparence.
Le bien entendu permet de repousser les zones de malvenue, de malveillance, de malaise et de malversations. Quand le bien entendu s’invite et teinte le fil quotidien, nous ne sommes plus des funambules inquiets risquant de perdre l’équilibre, mais des marcheurs confiants, s’entraidant à écouter les notes de bien qui s’insinuent et viennent cultiver de plus justes relations.
Le bien entendu a sa fête ; la fête de la volonté de bien. Il se dit et se célèbre quand la lune est pleine et que les jours s’étirent plus que de coutume vers la Saint-Jean d’été ; car le bien met la lumière sur ce qui s’expose, sur ce qui pousse, sur ce qu’il convient de transmuter avant d’en partager l’arôme.
Le bien nous est donné, c’est une offrande à accueillir, à porter et à rayonner pleinement. Oublions donc nos atermoiements personnels pour lui donner l’ampleur qu’il mérite et le soin qu’il nécessite. Car le bien entendu, reconnu et transmis est si bien acquis qu’il profite à tous, bien entendu ! Mais le bien ne se limite pas qu’à l’entendu, il est aussi bien né, bien vu, perçu sous bien des jours, s’insinuant l’air de rien au détour des phrases, des pensées pour venir dire son omniprésence à qui sait saisir derrière les bien entendus, tout ce qui se dit au-delà, bien au-delà de ce que les mots traduisent.
Entendre au-delà des mots, c’est aussi bien entendre tout en dépassant tous les bien entendus, ces automatismes devenus certitudes qui masquent le bien qui cherche en permanence à se faire entendre. C’est, bien entendu, à entendre à réentendre et à entendre encore si nous voulons éviter la surdité.
Bien entendu !