C’est pas vrai
– Dieu est mort !
– C’est pas vrai !
– Dieu existe !
– C’est pas vrai !
– Ben alors faudrait savoir ; il est mort ou il existe ?
– Ben, ça dépend. Pour savoir s’il existe ou s’il est mort faut déjà savoir qui il est.
Le grand barbu, en vrai, il n’existe pas, mais il existe sans doute un grand architecte de l’univers à l’origine des mondes, bien que nul ne sache vraiment comment ce génie créateur s’y est pris pour insuffler la vie au cosmos. Alors la vérité, nul ne sait vraiment ce que c’est.
Ainsi en mathématiques 4 + 4 font 8 en base 10, mais quand on calcule en base 6, en base sénaire comme disent les gens avertis, 4 + 4 égale 12. Et ça, c’est vrai, c’est mathématiquement vrai, vérifié, estampillé, reconnu, mais très peu usité.
Ça me fait une belle jambe me direz-vous. Mais que votre jambe soit belle ou pas, faut toujours savoir sur quelle base s’organisent nos jugements, nos opérations, pour avoir une petite idée de ce qui est vrai et de ce qui ne l’est pas.
La vie est pleine de savoirs divers, mais elle ne propose pas de QCM, ces questionnaires à choix multiples, qui aident à choisir les réponses aux questions qu’elle nous pose.
Le c’est vrai comme le c’est pas vrai, quand il s’agit de se repérer dans le labyrinthe de nos quêtes intérieures ne s’apprécient qu’à l’aune d’une perception vibratoire qui n’est jamais une garantie de vérité.
Juste une hypothèse d’accord qui nous met en unité avec une personne, une chose, un concept qui nous permettra de quitter une zone aveugle, jusqu’à ce que nous ayons besoin de toucher une autre vérité pour que d’autres accords et d’autres compréhensions invitent à pénétrer plus avant dans le monde du je sais que cela existe, mais je ne sais pas encore ce que c’est.
C’est ce je ne sais pas qui aiguise notre jugement sur le chemin de la vérité, car le je ne sais pas invite en permanence à chercher des réponses, quand le je sais, persuadé d’être en vérité, nous fige et nous fixe sur des positions qui finissent par étouffer toute interrogation.
Le c’est vrai devient alors l’habit de certitude qui pare avec plus ou moins de bon goût les morts-vivants, car quand les certitudes prennent le pas sur le questionnement, elles se muent en tombeau aux parois invisibles ; il est donc difficile de les voir et de s’en échapper !
– C’est vrai ? hum
– C’est vrai ! encore que… faut voir… pas vrai ?