C’est pas parce que t’as raison que j’ai tort
C’est pas parce que t’as raison que j’ai tort, c’est pas non plus parce que j’ai tort que t’as forcément raison ; et même si t’as tort, ça ne signifie pas pour autant que j’ai raison et ça ne veut pas dire que je n’ai pas tort. Non, non ! C’est plus compliqué que ça !
C’est pas parce qu’on ne pense pas la même chose, c’est pas parce qu’on ne croit pas aux mêmes choses qu’on doit forcément se confronter ; au contraire. C’est une belle occasion de voyager vers un autre possible ; une opportunité d’envisager une question sous de nouvelles facettes.
Dès lors qu’on pose le regard sur sa face nord, sa face est, sa face ouest, sa face sud ou qu’on la découvre du ciel, la montagne prend de drôles d’airs, des airs dissemblables, tout en gardant le même nom ; ça, c’est une évidence, mais une évidence qui n’apparaît qu’à l’œil de celui ou de celle qui en fait le tour.
À ne voir que l’espace auquel donne accès notre champ de vision, nous n’imaginons pas ses limites et surtout nous n’imaginons pas l’au-delà de ses limites. C’est pourtant dans cet au-delà que viennent prendre place toutes les autres façons qui ne sont pas les nôtres. C’est pourtant dans cet au-delà que germent toutes les conceptions qui nous sont étrangères. C’est pourtant dans cet au-delà que s’installent les approches qui nous semblent incongrues quand on ne les juge pas tout simplement inadmissibles.
Apprendre le pile du face, le face du pile, le nord du sud, l’est de l’ouest et plus encore, ce n’est pas apprendre à devenir girouette ; non ! C’est apprendre à ne pas croire que ce que nos sens nous permettent d’appréhender est unique ; c’est apprendre que ce n’est qu’un petit pan de réalité qui se prend parfois pour un Réel qui lui, nous échappe toujours.
Même en faisant le tour de la montagne il y a toujours un au-delà des limites à découvrir, à accueillir dans le champ de nos expériences.
Oui, mais, le Réel parfois dérange ; il vient réinterroger nos conceptions confortables, nos certitudes confortées et nous demande de nous réajuster. Et là, ça passe ou ça casse. Ça casse et parfois ça casse mal et ça, ça passe mal.
Alors là, faut pas s’arrêter sur l’instant ; faut pas mettre le focus sur la situation ; faut ouvrir le grand angle ; comprendre que ce qui se passe là maintenant n’est qu’un épiphénomène et que dans un contexte différent avec un autre regard, un autre état d’être ça passera bien, ça se passera très bien. Car quand ça casse une fois, ça ne veut pas dire que ça cassera toujours quand ça se passe ; quand ça casse une fois ça passera peut-être une prochaine fois.
Inutile donc de se prendre aux jeux de la réalité, inutile de soutenir dur comme fer une position qui de toute façon à terme finira par être obsolète. Même quand ça casse, ça passe, ça passe, ça repasse, ça trépasse et ça passe encore.
Eh oui ! Alors tort ou raison, passons.