De quoi s’agit-il ?
Regarder le monde et ses tracas, en scruter les travers n’incite pas à l’optimisme. Rien ne va plus, si l’on en croit l’actualité ! Et pourtant, sous les traits de l’horreur, de la bêtise ou de l’ignominie, vibre le cœur d’une époque formidable. Le monde affiche sur de multiples écrans ce qui ne doit plus être et expose sans fard, le tableau de ce qui a entaché depuis des siècles, les rapports humains. Les violences faites aux uns par d’autres, qui usent, voire abusent de leur pouvoir ne sont plus secrètement cautionnées. De même, le souhait de sortir des conditionnements éducatifs inspire de nouvelles questions. L’évidence limitée d’hier va jusqu’à réinterroger les définitions de genre données à la naissance, et nombreux sont celles et ceux qui refusent les valeurs du chacun pour soi ; une vision nouvelle s’impose doucement et transforme doucement notre société, car le nombre d’humains qui dénonce les faits divers d’exploitation croît, de façon exponentielle.
Certes la rancune, les rancœurs, le besoin de vengeance se substituent parfois aux exigences de justice, mais derrière ces éprouvés qui disent une souffrance en quête d’apaisement, une avancée sociétale vers de plus justes relations est belle et bien en marche.
Justes relations avec la Terre qui cherchent leurs chemins dans l’approche écologique, justes relations avec les animaux revendiquées parfois avec fanatisme, ce qui témoigne d’une harmonie encore à découvrir ; justes relations entre humains où les distinctions de sexe, d’âge, de fonction, de force ne servent plus d’alibis à l’assujettissement de certains par quelques autres ; justes relations internationales où les rapports nord-sud et est-ouest se réinventent dans l’esprit de certains visionnaires pour que tous puissent vivre décemment sur la planète.
Derrière cette aspiration à d’autres relations se profilent le respect, la reconnaissance, qui donnent à l’amour un goût de liberté. Là où les profits légitimes ou illégitimes qui se prenaient dans les sphères matérielles, émotionnelles et conceptuelles étaient normes, se dévoile un chemin de considération et d’égards qui proscrit toute prise d’intérêts légale ou illégale.
L’illégal aujourd’hui sur la sellette, emplit l’espace de crainte ou de courroux et imprime dans les esprits ce qui n’est plus tolérable, ni toléré.
Mais si des bénéfices légaux, attendus, manifestes, subtils ou secondaires, se comptent toujours en marge des relations, l’égoïsme admis cède du terrain ; un passage s’amorce entre le monde du « moi-je » et celui du « tous ensemble », dégageant de nouveaux horizons.
Servir la vie c’est concourir à construire un monde de justes relations en réalisant notre interdépendance fondamentale, c’est quitter les rives du déni et accepter de voir ce que nous avons permis en conscience, en inconscience ou par crainte de parler.
L’école de l’expérience a un programme ; elle enseigne à chacun, selon sa classe d’âge, la nature et l’impact présent et passé des délits accomplis, non pour condamner et bannir, mais pour comprendre et rectifier.
Réclamer justice avec force, exiger des sanctions qui viendraient rétablir un ordre naturel en redressant les torts, en rectifiant les comportements et en imposant aux fautifs un reconditionnement, ne permet pas aux coupables d’introjecter la loi d’amour ; car c’est, à l’intérieur de la conscience que le respect et la reconnaissance doivent s’implanter pour que la prise d’intérêt personnel s’efface et laisse place à l’abondance collective.
Un autre monde s’ébauche, car ce qui ne doit plus être, remonte des tréfonds des silences imposés. Une nécessité d’épurer, un besoin de transparence, traversent la société occidentale. Nous devons veiller à ce que ce mouvement ne devienne pas chasse aux sorcier(e)s, clouant au pilori ceux et celles qui ont fauté, et réaliser que les hommes et les femmes qui dans leurs actes se sont servis d’un autre, des autres à leur profit, pour satisfaire leurs envies ou leurs objectifs du moment, sans égards véritables, doivent apprendre à aimer. Tous les scandales publics et privés qui surgissent de l’ombre enseignent à chacun les valeurs à bannir, pour que d’autres puissent enfin se partager.
Cet opprobre jeté sur l’exploitation égoïste de la Terre, des enfants, des femmes, des hommes, de la faiblesse, des pauvres, prend source dans les vertus de partage et de considération, relayées par une communauté croissante d’individus. Servir la vie nous invite à faire nôtres ces qualités, à les incarner laissant derrière nous, les guerres intestines qui divisent pour apprendre collectivement ce qu’aimer veut dire.
L’humanité est en formation continue, le progrès de la conscience en témoigne…
Ainsi va la vie, ainsi s’exprime la Vie