Dites-le avec des fleurs

 In La rubrique de Frédérique

 

Dites-le avec des fleurs, elles parlent joliment ; elles disent la beauté, attirent le regard et embaument l’atmosphère ; elles sont une présence qu’on ne peut ignorer, sauf à être prisonnier d’un halo personnel trop étriqué.
Dites-le avec des fleurs, mais ne jetez pas de fleurs.
N’enjolivez pas ! Ne complimentez pas si vous n’êtes pas pleinement convaincu de ce que vous dites, car lorsque les paroles se parent de compliments inauthentiques, elles n’embaument plus l’entour, mais le polluent de faux semblants qui infiltrent les relations de mensonges aux airs de vérité.

Ces faussetés trompent quand elles passent inaperçues ; à l’inverse quand elles sont reconnues, elles entrouvrent des portes de clarification. Les non-dits situés sous un seuil d’authenticité sont les germes de réquisitoires et de guerres larvées.
Dites-le avec des fleurs, mais aussi sans fleurs inutiles, sans critique, sans admiration ni dépréciation ; dites-le clairement pour laisser croître dans l’espace relationnel, la lueur de la reconnaissance, de la compréhension qui ne peut provenir que de la transparence. Car dire est un échange et les échanges sont là pour soutenir notre communauté, pour discerner sur l’écran de vérité ou de mensonge, ce qu’il convient d’améliorer.
Toutes les menteries, les simulacres avoués, avouables ou pas même perçus sont les représentants de nos attaches au moi en mal de Soi, au personnel en mal d’unité.

Dire sans jeter de fleurs, c’est respecter les fleurs, ne pas s’en servir pour mentir, obtenir des faveurs ou travestir les intentions à dessein.
Dire sans jeter de fleurs, c’est redonner à la parole ses lettres de noblesse ; célébrer le mot qui cherche à traduire l’essentiel et reléguer aux oubliettes tout ce qui cherche à se dire en habit de contraire.
Si tu n’apprécies pas, tu n’es pas obligé d’en faire état ; mais si tu n’apprécies pas, tu n’es pas non plus, obligé de faire semblant.
Si tu n’apprécies pas, c’est une fleur que la vie propose pour inviter à dénicher au fin fond de toi-même ce dont il est question, ce qui empêche la rencontre, sans le filtre d’hypocrisie.

Dites-le avec les fleurs, mais dites-le sans peur ; débusquez-les, car elles contraignent à ne pas parler vrai.
Dites-le avec des fleurs pour trouver les mots justes qui viennent nourrir de beauté, de bonté et de vérité les espaces communs.
À défaut, ne dites rien pour entendre dans le silence de l’intériorité l’évidence de ce qui cherche à se dire, mais n’a pas encore trouvé le mot qui concourt à la véritable rencontre.

Dites-le avec des fleurs pour apprendre à honorer ce qui est ; pour éprouver sur la tige épineuse, la réalité lumineuse. Ensemble, allons voir les roses, mais ne les cueillons pas.
Dites-le avec les fleurs du cœur, elles ne se voient pas, mais elles se sentent et elles aussi parfument l’atmosphère.
Dites-le avec des fleurs, sans fleurs pour un bonheur sans heurts et sans leurres.
Dites-le avec des fleurs, car c’est toujours la bonne heure pour donner à l’instant un effluve enivrant, un air de délicieux…

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