Donner et recevoir
Nul n’échappe à la danse du donner et du recevoir.
L’arbre dépend de son mariage avec la terre, le soleil, l’atmosphère, du climat dans lequel il évolue ; il donne, il reçoit par le fait même d’être ; il reçoit les nutriments de la terre, il reçoit l’eau des profondeurs et du ciel, il reçoit la lumière qui lui sert de boussole et indique une direction ; ainsi son tronc s’élève et se donne à voir ; il offre au CO2 un port d’accueil, extrait le carbone qu’il intègre et redonne l’oxygène à l’air. Alchimie d’une inspiration et d’une expiration qui profite à tous, que tous reçoivent sans réaliser que sans terre, sans eau, sans soleil et sans atmosphère qui se donnent inlassablement, nous n’existerions pas.
Nous ne sommes pas libres d’éviter le donner-recevoir, mais nous sommes libres de qualifier consciemment ce que nous donnons et d’identifier ce que nous recevons pour l’accueillir tel quel ou le transmuter.
Dans l’interdépendance du vivant que nul ne songe aujourd’hui à nier, nous offrons donc à l’ensemble des idées, des émois, des humeurs physiques ou plus subtiles, des airs et des paraîtres qui envahissent nos espaces particuliers et collectifs. Or, ce que nous distribuons allègrement sans toujours le réaliser se dispense alentour avec ou sans conscience.
Toutes nos émissions s’épanchent sur le monde ; bien qu’elles ne soient pas toujours quantifiables, elles colorent l’éther dans lequel nous avons l’existence.
Mettre de l’attention et de la présence dans nos façons d’être et d’agir, permet de choisir ce que l’on offre avec bien ou malveillance et d’accueillir les ambiances qui nous pénètrent avec lucidité.
Celles et ceux qui peuvent s’aérer en forêt ou dans les lieux qui rechargent, s’imprègnent d’une ambiance plus vivifiante que celle qui se diffuse à l’envi dans l’enclave des grands complexes industriels.
Mais l’air des émotions, l’air des opinions qui s’échange parfois à notre insu pénètre également nos espaces avant de se répandre plus léger ou plus lourd dans le climat environnant.
Nous ne sommes pas libres de donner et de recevoir dans l’interdépendance du vivant dans lequel nous baignons, mais nous avons la liberté d’offrir le meilleur ou ses déclinaisons comme celle de choisir consciemment le recevoir que nous relaierons. Car nous sommes des passeurs impénitents, des passeurs éternels qui ne peuvent exister qu’à travers la respiration d’un donner recevoir qui berce nos existences ; la puissance de nos choix et de nos reconnaissances donne le beau et transmute ce qui cherche à le devenir, pour faire de demain un vaste champ de fleurs, là où nous sommes encore parfois en pleine mine de charbon.
La liberté réside dans la transmutation ; à chacun(e) de redonner au monde ce qu’il a reçu et raffiné pour l’embellir de nos souffles unifiés. Ainsi aujourd’hui sera mieux qu’hier et moins bien que demain, car le « donner-recevoir » est un rythme donné par l’amour à tout ce qu’il baigne sur Terre et au-delà.
Donner et recevoir, un mariage créateur, forcément créateur !