L’enfance méditative
L’enfant ouvert, curieux se laisse happer par l’extérieur. Cette soif de découverte le construit, mais en apprenant à se poser puis à suivre sa respiration, il trouve le chemin de l’intériorité et la possibilité d’explorer les ressentis qu’il éprouve.
Dans le creuset de son intimité, il pénètre la profondeur et la plénitude de son être, y compris lorsque ces mots lui restent étrangers. Dans cet espace de sensibilité particulière, il va pouvoir écouter, s’écouter et traduire avec son vocabulaire un vécu qui n’appartient à personne d’autre qu’à lui-même.
En parlant son expérience avec d’autres, il va découvrir une communauté de savoir et d’impression qui lui permet de valider son approche du monde et lui confère une autonomie. La capacité de penser les événements de son quotidien à l’aune de son ressenti, et non plus en référence à ce que les adultes lui présentent, forge sa présence au monde.
La méditation aide les enfants à penser librement en s’appuyant sur des références provenant de leur sensibilité et ouvre l’accès à leurs potentialités, indépendamment des formatages habituels. À partir de là, l’écoute intérieure leur permet d’entendre ce qui les agite, ce qui les motive, ce qui les entrave dans une conscience croissante.
Traditionnellement l’enfant épouse plus spontanément la vie que la conscience, mais les nouveaux natifs, riches de nombreuses incarnations développent conscience et vie beaucoup plus tôt que leurs aînés ; ils questionnent les adultes, les interpellent, les interrogent et entrevoient des solutions d’avenir sans qu’elles leur soient imposées.
Les expériences d’école où les enfants décident du programme en étant soutenus dans leur curiosité, donnent un exemple de possibles. « Les libres enfants de Summerhill » étaient les précurseurs des nouvelles écoles démocratiques. Encore faut-il que celles-ci ne répondent pas uniquement au désir et accompagnent conjointement vie et conscience selon la maturité des uns et des autres.
La méditation permet à chacun, ce temps d’intériorité qui met en lien avec un essentiel ou un incontournable qu’il s’agit de traiter et non plus d’occulter.
Si des peurs, des émotions surgissent, elles fournissent l’occasion de les parler, de les apprivoiser et de les prendre en compte profondément. Donner des contours à ces voix profondes développe le mental créateur et sa puissance de décision.
Proposer aux enfants ce chemin d’initiation fonde leur souveraineté intérieure. Cela prend évidemment du temps et il convient d’adapter à chacun ces approches de l’être, mais cela réveille un vécu de communauté qui rompt avec les pratiques habituelles de compétition.
Dans les mondes intérieurs il n’y a pas de plus ou de moins, mais une exploration qualitative que chaque mot permet de révéler tant pour soi-même que pour les autres.
L’approche méditative ouvre un espace de vacuité chez l’enfant, elle lui permet d’accueillir ce qui cherche à se dire et l’invite à concevoir son prochain pas du moment.
Cette pratique exige de l’attention, de la bienveillance, de l’ouverture, de la curiosité, de la constance et du respect ; des qualités qui si elles sont pratiquées à grande échelle permettront de plus justes rapports dans l’ensemble de nos sociétés.
Les enfants d’aujourd’hui sont les adultes de demain, il nous revient de les protéger, de les escorter et de les encourager.