Esprit de paix ou paix de l’esprit ?
La paix, avant d’être un état, est une expression de l’axe de Vie qui entre en Existence. Axe issu d’une impulsion, inscrit dans un plan, une trajectoire qui sert de base exploratoire. La paix résulte de l’action de l’Esprit lancé à la conquête de la manifestation, à l’inverse des hommes qui investissent l’espace pour en découvrir les mystères.
La paix, à terme, réalisera l’incarnation d’une vision commune qui prend en compte, c’est à dire qui comptabilise et reconnaît toute unité comme partie constituante d’un tout et l’inscrit dans une indissociabilité qui force le respect, tant l’intelligence à l’œuvre derrière toute conception surprend par son ingéniosité, sa cohérence, sa capacité à inclure.
Prendre la mesure de cette articulation sublime invite à la cultiver.
Ainsi, aucune partie ne doit être négligée, car négliger une part du Tout l’endommage, l’ampute d’une de ses cellules et limite ses capacités d’évolution. Dans l’écosystème Univers, dans l’écosystème Terre, l’inutile n’existe pas ; dans l’écoconscience humaine, l’inutile s’est invité et s’est hissé au rang d’important, comme signe extérieur de puissance, signe extérieur de richesse, signe extérieur de séparation, justification à des approches inégalitaires.
Or la paix, c’est accepter d’être différent sans pour autant être séparé. C’est accepter de coopérer non par décision personnelle, mais par nécessité structurelle, fondamentale, essentielle. Que serait un neurone qui se prendrait pour un cerveau ?
Vanité de celui qui s’imagine être ce qu’il n’est pas. Bien qu’il ait sa propre autonomie, il répond aux lois de l’organisme qui le contient, le conditionne et l’alimente. Seule, une coopération assumée, reconnue comme empreinte du vivant transforme l’existence. Pour la comprendre, le siècle des Lumières a promu l’art de scinder, de disséquer, d’élever des barrières entre les choses, les états, les disciplines fomentant des luttes, des guerres, des incompréhensions qui cherchent aujourd’hui résolution.
Mais l’humanité se régénère, quelles que soient les mutilations subies. Telle une hydre, elle illustre la force de l’unité, la puissance d’un projet de vie venu en existence grâce à son pouvoir créateur. Ainsi, la paix s’impose, se propose, incite chaque élément à cultiver l’harmonie au sein du plus petit organisme avec lequel elle coopère ; ce peut être une relation, une famille, une équipe, un projet de société, un engagement à plus de cohérence et d’équité.
Que serait un corps qui ne redistribuerait pas équitablement, l’oxygène que le sang amène à ses cellules ?
La Vie est paix en mouvement, paix en évolution qui s’inscrit peu à peu dans l’existence à mesure que celle-ci répond avec conscience au projet de bien commun.
La paix est toujours reconnaissance d’un projet plus grand que soi qui allie vision, alliance et mouvement ; projet, coopération et intelligence.
Elle est l’expression d’une Trinité à l’œuvre dans l’incarnation, elle se construit, se découvre peu à peu pour que coopération et mouvement s’actualisent à mesure que se dessinent le pourquoi de notre humanité. Elle est le souffle de la Vie qui anime l’existence et cherche à l’accorder à sa propre vibration, pour subtiliser la matière, au fil des incarnations.
La paix est donc l’expression d’un système en perpétuel déséquilibre, car seul ce déséquilibre garantit l’évolution. C’est pourquoi l’Esprit de paix allie principe de conflit, principe de partage, et principe d’unité dans un mouvement perpétuellement changeant et expansif.
Œuvrant sans relâche au bien commun, il bouscule souvent, n’est jamais au repos et incite quiconque aime la Vie à lui emboîter le pas !