Fais pas tapisserie, danse !
Au bal du vivant, nul ne fait tapisserie ; nul n’est là posé au hasard d’un décor pour agrémenter une pièce dont il serait simple bibelot. La vie danse et masque l’évidence du liant universel dans lequel nous évoluons sans toujours le réaliser.
Mais l’apparence est trompeuse … le calme peut être en proie à un tumulte intérieur qui échappe au spectateur ; l’agité a parfois un encéphalogramme plat, tant il fait, sans penser à ce qu’il fait, et d’autres travaillent quelquefois du chapeau, confortablement installés dans un transat, sans avoir l’air d’y toucher… Bref, si tu crois ce que tu vois, t’es pas près d’être clairvoyant.
L’apparence est un miroir déformant qui réfléchit ce que nous supposons être et entrave nos avancées quand nous en restons au côté visible de l’existence. Le reflet ne révèle que ce qui s’affiche, en lui accordant crédit et importance.
C’est l’au-delà du miroir qu’il s’agit d’explorer pour sortir du trublion du visible et pénétrer le monde de l’unité qui nous précède et nous attend. Au-delà de l’apparence, un fil de vie nous incite à découvrir l’invisible en pénétrant les mystères de nos sphères intérieures.
L’invisible est une évanescence qui ne prend corps qu’avec les mots ; il vient bousculer l’apparence, la met en doute et en s’habillant de lettres, il prend robe d’apparat.
L’invisible omniprésent dans l’entre, l’entre tout, l’entre-nous, l’invisible soubassement de ce qui est, infini matriciel ne peut se traduire sans images. Or les mots sont des images qui s’écrivent sur l’écran magique du devenir et le font exister.
L’invisible est la source, le lieu de l’origine autant que l’espace de son développement.
Ne te fie pas à l’apparence, elle n’est là que pour masquer les traces qui parlent de ton chemin depuis l’en deçà d’hier jusqu’à demain et au-delà. L’apparence donne contour au chemin d’existence emprunté avec ou sans conscience. Comme sur un manège, elle prend les aléas du quotidien pour un pompon que l’on attrape ou que l’on rate au gré des rondes qui se succèdent.
Mais rien de grave ; qu’on l’attrape ou pas, nul besoin de pompon pour amorcer un nouveau tour d’expérience quand le temps de s’y donner s’annonce.
L’apparence est un arrêt sur image, une photo d’identité qui n’a rien de vrai, mais qui pour faire bonne figure s’encadre et siège dans les pensées comme un tableau bien incarné.
Erreur ! Dans un dessin animé, tout arrêt sur image interrompt le cycle de l’œuvre créatrice.
Ne te fie pas à l’apparence, ne fais pas tapisserie, ne reste pas en rade, quitte ta robe de bal pour montrer derrière le visible, l’autre chose qui se trame. C’est là que tu es attendu.
Sors des pseudodécors de l’existence. Sois, au-delà des conventions admises, le murmure de l’invisible qui ne peut s’afficher qu’à travers toi.
Sans toi, pas de témoin, pas de preuve de l’invisible, ni même de l’inaudible, de l’impalpable, de l’inappréhendable qui affirment leurs puissances dans le mouvement permanent de vie qui nous anime, si on danse la Vie, pour l’installer au cœur du quotidien.
Fais pas tapisserie, n’attends pas d’être invité à danser ; danse jusqu’au bout de la vie !