Far-west, far-est, plein phare sur nos phares
Pour qui sommes-nous des phares et quels sont les phares qui éclairent notre route et ses dangers potentiels ? Drôle de question !
Pourtant dans le far-west des relations humaines, dans l’imbroglio des accords, des désaccords, des reconnaissances, des mépris et des indifférences, nous sommes toujours un phare pour quelqu’un et l’œil qui fixe un phare proche ou lointain.
La lumière peut être permanente, intermittente, éteinte parfois. Mais même dans l’absence, elle est bel et bien là ; eh oui ! Savoir que quelque chose existe lui confère une présence, la présence d’un manque, perçu comme un manque de la présence.
Ainsi penser à la lumière d’un autre en son absence, le présentifie dans notre actualité et cet autre, tout absent qu’il est, retient notre attention. Mais si l’on accorde plus de poids à son absence physique qu’à sa présence énergétique, le manque de sa présence n’éclaire plus l’instant que du trouble que génère son absence. Drôles de choses que les rapports humains qui se tissent dans le visible comme dans l’invisible, dans le plein comme dans le vide, sans même que nous réalisions que les fils qui nous relient sont une trame infiniment structurée, une matrice qui donne corps à notre adelphité.
Dans les méandres des tissages sociaux, il en est un, le plus intime, celui de la famille.
Quels sont les phares de la famille humaine ? Et quand sommes-nous un phare attirant les regards sur un aspect du paysage relationnel ? Tout ce dont nous témoignons sème un brin de lumière sur un état, des valeurs, un contexte particulier, tout ce dont nous témoignons peut-être occasion de contentement, occasion de comprendre, ensemble l’origine de ce qui colore nos échanges.
Se considérer mutuellement comme des phares et réaliser que ce que nous actualisons sur la scène du quotidien dépend d’histoires karmiques qui se nouent et se dénouent au sein du grand chantier-école qu’est la Terre, invite à ne pas tirer de conclusions hâtives. Notre classe humaine apprend des expériences individuelles et collectives qu’elle traverse jusqu’à en comprendre toutes les articulations visibles et invisibles.
Chacun, chacune peut être un phare, à l’est, à l’ouest, au nord, au sud ; et pour ne pas se perdre, il y a, parsemant le chemin, de multiples petites lumières ; les nôtres, celles des uns, des autres qui tressent une trame lumineuse et enveloppent nos espaces.
Dans ces halos de lumière physique, intellectuelle, essentielle, nous recevons, nous émettons, nous concourrons à éclairer toutes les obscurités pour ajuster au mieux nos trajectoires relationnelles.
Regardons les phares qui nous attirent ; qu’éclairent-ils ?
Regardons les phares que nous sommes ; que donnons-nous à voir ?
Et soyons heureux de ces illuminations collectives qui progressivement font reculer l’ignorance des contrées intérieures et extérieures. Soyons des phares heureux, effarés de nos possibilités d’éclairage, d’éclaircissement et de rayonnement.
Magique ou effarant ? C’est selon.