Flagrant délire

 In La rubrique de Frédérique

 

Peur du noir, peur du manque, peur du ridicule, peur de ne pas y arriver, peur de demander, peur du lendemain, peur du présent, peur de ne pas être à la hauteur… La liste des peurs s’étire inlassablement, pour mieux nous dire qu’on n’y échappe pas comme ça.
Il y a les peurs évidentes et les peurs qui avancent sous des airs qui n’en ont pas l’air. Des peurs qui se prennent pour des supériorités ; des peurs qui viennent sous couvert de comparaisons nous rassurer ; des peurs ataviques qui perpétuent les guerres. Guerres de religion, guerres de clans, guerres de terrain, guerres sur le terrain ; guerre du quotidien qui ne dit pas son nom, car la peur quand elle s’insinue dans tous les interstices de nos rapports au monde, nous bride et trouble notre vision.

Elle enveloppe d’une cotte de mailles qui, sous couvert de protection, emprisonne. La peur est là pour dire nos attachements ; attachements à nos repères qui ne se voient pas dans le noir ; attachements à l’avoir quand l’idée du manque s’installe ; attachements au paraître quand le ridicule s’invite dans nos représentations ; attachements à l’idée de réussite qui inhibe ou galvanise ; attachements à nos attentes quand la peur du refus nous hante ; attachements à nos peurs elles-mêmes, car que serions-nous sans elles ?

Elles nous donnent de la valeur, tant elles pèsent dans le champ de nos pensées, de nos paroles et de nos actes. Elles rendent compte de notre importance, en donnant à notre moi une place de choix ; car qu’il parle ou qu’il taise ses peurs, le moi occupe alors pleinement l’espace, occultant les petites légèretés, les petites joyeusetés, les nouveautés qui se présentent, histoire de ne pas lâcher les peurs qui le maintiennent dans le statu quo d’un présent qui se nourrit allègrement de vieilles mémoires, de vieilles histoires qui insistent pour occuper le terrain de ses actualités. Car mieux vaut parfois, une bonne souffrance qui donne l’impression d’exister qu’une légèreté d’être qui pose sur le monde un regard relatif.

La peur se veut absolue quand elle n’est pas raisonnable ; elle permet d’être un tout, un tout souffrant, mais un tout quand même ; et à choisir, l’humain opte parfois pour la souffrance d’un tout illusoire plutôt que pour la légèreté d’une partie pas plus importante qu’une autre, dans la grande aventure engagée par l’humanité pour incarner l’amour sur Terre.

L’amour fait tourner le monde, c’est vrai. Sans lui la création n’existerait pas, le nouveau ne verrait pas le jour ; mais la peur est un papier pas beau qui enveloppe l’amour sous de multiples couches qu’il convient de déchirer, pour trouver sous ses décombres le cadeau que nous avons tous en partage, sans que rien ne nous soit spécifiquement attribué. Même pas peur de ne pas en avoir plus !
C’est cela la délivrance…

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