Formidable ou fort minable ?
Formidable ou fort minable ? Ben ça dépend !
Ça dépend de ce qui se joue, ça dépend à quoi on joue, ça dépend
de ce que l’on sait ou de ce que l’on ne sait pas. Alors, se réjouir ou se lamenter, s’autocongratuler ou se déconsidérer, ça dépend toujours d’un contexte.Dans l’absolu, on peut raconter ce qu’on veut. On peut y croire, faire semblant d’y croire ou ne pas y croire, mais dans le relatif nous voilà bien empêtrés pour savoir à quel Saint nous vouer ; si tant est qu’un Saint existe et possède la bonne vision, la bonne analyse, la bonne réponse !
Bref, formidable ou fort minable, c’est juste une question d’appréciation qui nous invite à regarder le monde avec curiosité, sans forcément croire que le visible est une réalité intangible.
Car ce que tu vois n’est pas forcément unique ni univoque ; ce que tu vois dit quelque chose de toi et il te donne à voir.
Celles et ceux qui achètent une voiture rouge ont tendance à flasher plus spécialement sur les voitures rouges ; de même, une femme enceinte remarquera plus facilement des femmes enceintes dans les allées de son quotidien que d’autres, moins concernées par cet état. Et cela est vrai pour les tatoués, les motards et tutti quanti ; c’est formidable de voir combien la vie nous propose systématiquement d’actualiser ce qui nous préoccupe ou nous intéresse !
C’est formidable d’identifier toutes les synchronicités qui nous ravissent, nous étonnent ou nous inquiètent ; c’est formidable de constater qu’elles ne sont finalement qu’une fréquence vibratoire particulière qui colore notre réalité du bain de nos préférences ou de nos répulsions.
L’arachnophobe ou l’arachnophile verront des araignées plus facilement que celles et ceux qui se moquent éperdument de ces petits animaux ingénieux ou de ces grosses bêtes dangereuses selon l’intérêt qu’elles suscitent.
C’est formidable ce que l’on est capable de créer dans l’imaginaire comme dans le factuel, et c’est fort minable de croire que ce qui nous apparaît évident est une vérité immuable.
Quand le formidable s’invite, il est toujours intéressant d’envisager le fort minable qui lui est associé. Car c’est en dénichant le fort minable que nous pouvons le faire avancer, non vers le formidable qui lui donnerait des accents d’excellence à atteindre absolument, mais vers le fort mieux, le fort possible, le fort souhaitable qui nous met systématiquement en mouvement vers un ailleurs désirable.
Alors formidable ou fort minable, ne sont que les deux pôles qui permettent d’aller de la satisfaction à l’insatisfaction, et de l’insatisfaction à la satisfaction pour ne pas rester scotché à une définition irrévocable qui serait gravée dans le marbre et fort peu évolutive.
Formidable c’est super. Fort minable c’est super aussi, car super bien comme super mal, c’est juste ce qui est proposé aux supermen et superwomen que nous sommes pour ne pas nous endormir sur des lauriers de certitude qui deviendraient convictions invalidantes.
Formidable non ?