L’idée ne fait pas le moine

 In La rubrique de Frédérique

L’idée ne fait pas le moine, car il ne suffit pas d’avoir des idées pour que celles-ci se frayent un chemin jusqu’à nos quotidiens. L’idée est ce petit plus en passe d’être « pensée » qui permet d’envisager le monde, ses problématiques et nos actualités avec une once de décentrage, une subtile élévation, imposant une mise en perspective inédite, un autre regard, et de nouvelles projections sur les possibles à réaliser. Car, à ne regarder que ce qui est à notre niveau nous perdons l’occasion de penser le changement.
Tout ce qui est connu, tout ce qui est habituel, tout ce qui fait partie de nos expériences est acquis. Inutile donc de nous repaître de ces avoirs, qui ne nourrissent plus l’espace concepteur de renouveaux.
L’idée ne fait pas le moine, car pour le faire, il faut la croire, s’y consacrer, l’alimenter, la choyer et lui donner vie. À défaut, elle reste accrochée au sommet du mont Futur, bien trop en altitude pour être perçue par les adeptes susceptibles de la relayer, de la rendre attrayante, souhaitable, puis finalement évidente.

Ce n’est que dans le cloître de l’intériorité que se cultive cet élan fondamental qui dote l’idée en passe d’être adoptée de sa force, de sa vivacité, de sa détermination. Ce n’est qu’en l’enrobant des couleurs de la foi qu’elle se pare d’une allure de nécessité, indispensable à sa mise en œuvre.
L’idée ne fait pas le moine et le moine n’a pas forcément d’idées, mais il convient d’endosser l’habit des moines porteurs d’idées avenir, si nous ne voulons pas regarder passer le train des réformes surannées qui s’attaquent aux effets délétères des causes qu’elles affectionnent grandement !

Dieu se rit des hommes qui se plaignent des conséquences dont ils chérissent les causes, disait déjà Bossuet ; or si jusqu’à aujourd’hui, l’humanité a chéri la source dont elle déplore les effets, il est temps qu’elle se consacre aux causes qui dissiperont les plaintes. Ni l’habit ni l’idée ne font le moine, mais le moine se doit de doter l’idée du brin de sacré qui la rendra désirable. Changement de paradigme, changement d’air.
Nous avons un besoin vital de renouveler l’air de nos intérieurs ; l’inspiration, l’expiration bercent le monde d’un mouvement de vie animateur ; ce flux et ce reflux vivifient les cellules de nos corps physiques, sensibles et psychiques. Mais comment soutenir, comment accompagner ce renouvellement indispensable pour permettre au vivant de circuler et de dépasser les anesthésies qui parfois nous font hiberner jusqu’au cœur de l’été ?

Tout ce qui reste figé aux définitions d’hier, tout ce qui reste rivé aux émois d’hier, asphyxie les potentiels qui permettraient d’inventer demain. Prendre de la hauteur pour respirer un air plus sain, revisiter nos poncifs, et promouvoir un autre regard sur le monde, résulte des idées captées sur les sommets du mental par tous les croyants en l’avenir.
Soyons les moines qui fournissent les cibles d’un futur désirable, et avançons silencieux, en confiance, pour mettre en œuvre les idées de demain. Autres paroles, autres musiques qui donnent au présent un statut créateur, et enrôlent tous les fidèles du possible plus juste, à construire.
L’idée ne fait pas le moine, mais elle sème les prémisses de ce que sera demain.

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