On apprend en imitant, on apprend en faisant sien ce que l’autre fait et dit, mais on n’apprend pas ce qu’il pense et garde pour lui. C’est pour cela qu’il est bon de partager, car nous apprenons les uns des autres en imitant les façons de faire, de traduire, d’exprimer sur le fond, sur la forme, à l’identique ou en contraste. Imiter, contre imiter, c’est toujours se baser sur un existant. C’est aussi prendre pied sur un acquis, fût-il acquis par un autre, pour aller plus loin. Ainsi imitation n’est pas limitation.

La rencontre d’un autre autorise la découverte d’un nouveau champ de possibles. Elle signe une union qui se doit d’être union relais, imprimant sur les circuits des pensées communes une once de nouveau susceptible de bénéficier à d’autres et de se manifester.
Inutile donc de faire preuve d’avarice, inutile de faire le tour de nos acquêts multiples comme des propriétaires gardant jalousement leurs avoirs, leurs émois, leurs idées. Ils ne sont que le résultat de rencontres passées qui doivent permettre à tous d’avancer, de communiquer et de partager.
Le savoir nous inscrit dans une trame relationnelle qui incite à l’échange, au mouvement, à l’émulation débarrassée de tout esprit de compétition. À chaque instant, l’occasion d’entrer dans le cours de la coopération visible et invisible nous est offerte Chaque rencontre, chaque alliance est une communion en passe de faire grandir les qualités et les énergies qui communiquent.

La découverte de l’âme, celle de nos semblables incite pour les comprendre à épouser leurs caractéristiques pour en éprouver pleinement l’essence L’imitation devient alors un chemin de connaissance initié par ce qui nous attire chez l’autre, car nous n’imitons que ce avec quoi nous sommes en phase, que ce qui attire ou interpelle. Et si nous imitons parfois ce qui nous inquiète ou nous révulse, c’est pour mieux nous en rendre maître et ne plus le subir. Là encore imitation n’est pas limitation mais tentative de libération.

Quand la rencontre avec l’essentialité opère, elle transforme ; quand la rencontre avec l’autre s’ajuste, elle transforme ; quand la rencontre avec des lois éclaire, elle transforme, quand la rencontre avec le Beau, le Bien ou le Vrai questionne, elle transforme aussi.  Nous ne sommes pas au bout des transformations qui révèlent notre communauté humaine dans le subtil comme dans le manifeste.

L’imitation est une façon de reconnaître ce qui est proposé par d’autres pour nous aider tout naturellement à grandir. Nous évoluons tous et toutes dans un bain énergétique conceptuel, sensible, formel, qui nous conditionne, mais qui n’a rien d’immuable.
Regardons l’autre, regardons le monde, regardons-nous en tant qu’âme pour apprécier notre communauté et les jeux de complémentarité qui permettent d’imitation en imitation de dépasser les limitations et d’épouser sans entrave le flux de la création.
L’imitation permet systématiquement d’avancer. C’est là l’originalité humaine !