Incohérence & co
L’importance de la cohérence individuelle est essentielle pour que nous puissions nous sentir en phase avec nous-mêmes, mais elle doit tenir compte du contexte dans lequel nous évoluons ; à défaut nous prenons le risque de nous isoler.
Quand le monde est incohérence, il devient plus important de chercher à réduire cette incohérence que de cultiver notre cohérence à tout prix ; cela conduirait à démissionner, à minimiser notre rôle dans le collectif pour satisfaire nos propres arrangements.
La cohérence individuelle, comme le mensonge et la manipulation qui semblent s’y opposer, restent des ajustements intérieurs répondant à des objectifs particuliers.
Nos excellences mettent le focus sur ce que nous sommes, et excluent parfois de nos champs d’analyse, l’alentour qui a besoin de nous pour évoluer.
Difficile équilibre entre soi et le monde, où la satisfaction de l’individu qui se détourne du monde devient insatisfaction globale.
Il faut apprendre à s’insérer dans le collectif pour travailler au bien commun. Cela n’exige pas de réussir de façon absolue mais demande un engagement, une participation à l’évolution des consciences et cela prend du temps !
La véritable cohérence n’est pas synchronique, elle est diachronique. Elle enjoint une vision au long cours, inclusive qui dessine le chemin où poser nos pas pour concourir à une harmonisation concernant le plus grand nombre. Elle nous appelle inlassablement à y concourir sans abdiquer, malgré l’inconfort dans lequel nous sommes parfois personnellement plongés.
Cela exige une cohérence intérieure, qui n’a pas pour préalable l’accord avec nous-mêmes, mais la vision globale à laquelle nous concourons autant que faire se peut, même si le temps pour y parvenir semble long.
Face à l’incohérence, l’impatience comme le découragement ne sont pas des manifestations de cohérence ; elles privilégient un pseudo équilibre personnel qui cherche à se dégager des lenteurs et des contradictions de l’ensemble.
La cohérence demande des points d’accord, des points de reconnaissance qui peuvent servir de repères sur la route qui mène à l’objectif commun ; ce dernier doit tenir compte d’une multitude de paramètres pour faire progresser les mentalités.
La diplomatie est-elle cohérente ?
Cela dépend du cadre de l’analyse ; mais nul doute que sans diplomatie le monde n’aurait pas pu avancer qualitativement.
Les consciences n’évoluent que progressivement. Soyons des diplomates porteurs d’un message d’unité sans se draper de pureté.
La cohérence envers soi-même est parfois une facilité pour ne pas avoir à traverser la difficile route qui doit mener le monde vers un nouvel ordre.
Rester seul et ordonné ne concourt pas à l’amélioration de la société.
Tout au plus est-ce une façon d’attendre les autres sur un parking en évitant de devoir composer à plusieurs pour trouver de nouveaux accords collectifs qui restent des paliers souvent insuffisants mais permettant d’avancer.
Cohérence et incohérences sont les deux faces d’un même mouvement ; toute cohérence individuelle doit contribuer à la cohérence du monde y compris lorsque cela déstabilise l’individu.
Œuvrer au but commun exige de s’inscrire de façon cohérente dans une logique d’ensemble et non de s’en tenir à sa seule logique.