Ivresse du temps qui passe
L’évolution s’écrit sur la courbe du temps ; même l’instantanéité d’une compréhension intérieure exige un espace temporel pour se réaliser.
Le temps se meut inlassablement. Penser hier, n’est pas un retour du temps mais un retour sur des événements passés, à la lumière d’un vécu ou d’une compréhension actuelle.
Ivresse du temps qui passe, non celle qui grise et donne la mesure de ce qui s’inscrit sur la face sensible de l’existence, mais celle qui nous laisse inconscient de ce qui se joue au quotidien et qui se joue du quotidien tant elle enveloppe d’aveuglement nos pensées et nos actions.
Ivresse du temps qui passe, qui s’attache aux émois, aux sensations présentes qui perpétuent sans fin des hier obsolètes qui nous servent d’alibis pour justifier nos arrêts sur image, arrêts sur tracas, arrêts sur temps morts que nous cherchons à ressusciter inlassablement. Retour vers des vécus qui nous ont marqué parce qu’ils inscrivent nos existences dans un temps qui nous parait important et que nous figeons faute de tirer les leçons de ce qui a pu être.
Le positif comme le négatif de nos instants passés n’a d’intérêt que s’il sert un progrès transformant l’expérience physique, sensible ou mentale. A contrario, c’est un coup pour rien !
Que sert une pensée géniale sur laquelle on se fixe sans dérouler le processus qui la verra prendre vie ?
Que sert un vécu anxiogène, si ce n’est l’occasion de revivifier un événement qui n’est plus mais que nous réactualisons pour le nourrir d’importance ?
Si aucun désir de s’en détacher, de le transmuter n’existe car il donne du poids à nos ressentis, il nourrit l’inertie et l’immobilisme ; à l’inverse, en comprendre l’impact et en dénouer les arrimages permet de voguer sur les flots du temps sans se fixer à ce qui a été par le passé.
Quant aux attachements au monde physique, comme pour la méchante reine de Blanche Neige, ses transformations sont manifestes. Comme la plante germe pousse et se fane, le temps des formes épouse de multiples cycles dans des respirations plus ou moins longues qui donnent à chaque étape l’occasion de trouver dans l’instant un enseignement évolutif et non une sauvegarde de ce qui a été.
Il ne s’agit pas de nier les choses, il s’agit de les comprendre, de les situer dans leur contexte, d’en tirer les leçons pour ne pas rester prisonnier de ce qui a été.
Seul ce qui est peut être actualisé, vit dans l’air du temps.
Hier est l’origine d’aujourd’hui, demain son futur.
Cueillons dès aujourd’hui les pépites de vie pour ensemencer demain des joies de l’existence à travers les épreuves que Quotidien propose pour éclairer nos avancées.
Éprouver permet d’assimiler intérieurement les situations, les circonstances, les réactions, les sensations, les perçus subtils ou manifestes et d’en être transformé ; l’épreuve n’est pas forcément douloureuse, elle est expérience, et incite à la joie de vivre avec son temps sur le fil de la vie, funambule au plus près de l’équilibre intérieur qui donne à la marche, toute sa grâce.
Ivresse du temps qui passe…