La place

 In La rubrique de Frédérique

De l’agora où l’on se rend pour palabrer et parfois se montrer, de l’endroit où l’on se trouve sur la carte du monde, au rang que l’on occupe dans la fratrie, dans l’entreprise, ou dans la classe, la place est omniprésente.
Bien ou mal placé au spectacle, bien ou mal placé pour obtenir un emploi, bien ou mal placé pour se permettre d’énoncer critique ou opinions, bien ou mal placé pour décrocher le pompon, l’objet convoité ou la reconnaissance attendue, une place nous est assignée à tous les étages de la société.
Mais que vient dire ce mot qui revêt de multiples acceptions dans le socius ambiant ? Que vient dire ce mot de notre articulation aux autres ?
Chacun à sa place et les vaches seront bien gardées.
Chacun à sa place et il n’y aura pas de débordement.
Chacun à sa place, mais pas pour définir ad vitam æternam le rôle de la partie au sein du tout sans droit d’y déroger.

La place nous inscrit dans l’espace-temps et en tant que telle, elle nous met en lien, en phase avec tout ce qui se déroule et prend place dans cette drôle d’entité contenante. On ne peut échapper à une place, qu’on la conscientise ou qu’on l’oublie. C’est donc dans l’ici et maintenant ce qui signe notre appartenance au tout ; une appartenance évolutive et non donnée pour l’ensemble de l’existence.
La place du petit dernier est remise en cause à l’avènement d’un nouveau chérubin. La place occupée à un endroit particulier se quitte quand on a fait le tour d’une question pour en occuper et en explorer une autre. La place que nous avons vis-à-vis de tel ou tel, dans les pensées, dans les affects est évolutive.

Il n’y a nulle place qui resterait inchangée en cours d’existence. À défaut nous serions enfermés dans une définition carcérale qui empêcherait tout moyen d’avancer vers une réalisation différente de celle dans laquelle nous sommes cantonnés. La place nous inscrit dans de multiples géographies et nous demande de nous ajuster à l’ensemble.
Tout est question de partie et de tout. Partie identitaire, partie ludique ; il n’y a jamais vraiment de fin de partie, il n’y a que des changements, des changements de temps, des changements de place car il est des temps où la place que nous occupons se transforme et transforme ainsi le Tout auquel nous appartenons.
L’évolution est le mouvement incessant des places occupées par chaque cellule du vivant.

Notre place est l’endroit le plus approprié pour que nous travaillons au mieux à la mission qui nous est confiée. Mais rappelons-nous qu’en permanence, nous pouvons être appelés à occuper une responsabilité supérieure à celle que nous endossons, ce qui réclame forcément un changement de place, un changement d’état pour répondre aux possibles qui nous mettent au défi de les assumer.
Ainsi collectivement de place en place, d’engagement en engagement, de responsabilité en responsabilité, nous œuvrons au présent et au devenir du monde.
Plus de place pour la plainte donc, mais une invitation à occuper les places de choix qui offriront le meilleur à tous, au fur et à mesure de l’avancée commune.
C’est une chance magistrale que d’y participer.

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