Le pas du possible

 In La rubrique de Frédérique

 

Beau pas beau
Laid, pas laid
Gentil, pas gentil
C’est quoi ce bouton on/off qui vient dire sans nuance une qualité qui est toujours fonction d’un contexte social, culturel, civilisationnel ? C’est quoi ce manichéisme qui tranche dans le vif de valeurs forcément relatives ? Et c’est quoi, cette promptitude à tenir pour absolu, un relatif permanent qui souligne l’impermanence potentielle et réelle d’un monde d’éprouvés intérieurs en perpétuelle mouvance ?

L’échelle des qualités n’est pas séquentielle ; elle ne se présente pas comme une succession de barreaux définis exactement et ordonnés au cordeau ; l’échelle des qualités est un escalier roulant qui déroule ses nuances en continu, sans que nous puissions en apercevoir le début ni le terme. Mais dans l’intervalle vibratoire des tableaux qui nous sont accessibles, nous voilà souvent prêts à disserter, voire à vociférer sur le louable et ce qui ne l’est pas, sur le souhaitable et ce qu’il ne l’est pas.

Or ce louable et ce souhaitable prennent de multiples visages selon l’horizon qui nous est accessible depuis l’escalator. Sur son versant ascensionnel, il découvre un horizon plus large, mais qui se rétrécit en pleine descente. Ses variations de focus attestent de l’impossibilité de figer une qualité et de la mettre en boîte. Aucune d’entre elles ne se laisse enfermer dans l’espace hermétique d’une définition, car leurs fréquences débordent les frontières de nos compréhensions.
Notre propension à définir, à ranger dans la bibliothèque de nos valeurs, nous coupe de la danse du vivant et de l’envers des décors qui viennent rappeler, qu’au-delà du visible, un autre monde sous-tend ce qui nous apparaît.

Alors beau, pas beau, ça vient de quoi ? Ça va où ?
Si l’on s’attache au chemin qu’empruntent les qualités et que l’on ne se limite pas aux bornes de nos reconnaissances, nous découvrons peu à peu le continuum richement coloré de la vie à l’œuvre à travers toutes les manifestations de l’existence.
Belle, pas belle
Joyeuse, pas joyeuse
Aimante, pas aimante,

Le pas a ceci de génial qu’il indique toujours le petit plus que nous pouvons ajouter à la qualité. L’absolu est un relatif qui s’est arrêté en chemin dans l’imaginaire des hommes. C’est un arrêt sur image, un arrêt sur mirage. Mais le pas vient nous dire ce que nous pouvons identifier pour avancer un peu, un peu plus, pas par pas, vers ce qui peut être et vers ce à quoi nous voulons concourir.
Voir le beau, le vénérer, c’est bien. Voir le pas beau, appelle le beau, et ça c’est bien aussi.
Cultivons le contentement, il est un fil de joie relatif, mais sous-tend une quête d’absolu qui nous mène sans relâche au prochain pas.
Bien malin celui qui a pensé la vie et tous ses pas… possibles !

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