Mystères du pourquoi
Les premières questions de l’enfant tournent autour de « pourquoi » quand les dernières de l’adulte le sollicitent, parfois. Faute de réponse définitive et sans réserve, la curiosité inhérente au pourquoi se masque sous l’intérêt d’un comment, capable d’offrir des preuves là où pourquoi porté à l’extrême, n’en fournit pas.
Mais pourquoi anime et induit l’étude d’un comment qui imagine trouver sous l’objectivité d’une réponse, des voies qui mènent à l’origine. Ce mouvement perpétuel qui va de pourquoi à comment, incite chacun à prendre place dans un ensemble, où des myriades d’interactions dispensent l’existence.
Pourquoi fait-il jour ? Pourquoi fait-il nuit ? Pourquoi cette question ? Car la Terre tourne sur elle-même évidemment ! Pourquoi le soleil existe-t-il ? Pourquoi s’insère-t-il dans une galaxie particulière ? Pourquoi l’immensité de l’univers passionne-t-elle depuis la nuit des temps ? Pourquoi parle-t-on de multivers ? Pourquoi cherche-t-on ? Pourquoi connaître notre fonction dans le grand Tout ? À tous ces pourquoi en suspens, la science répond en expliquant le fonctionnement des mécanismes détectables, car si elle ne sait pas pourquoi, elle comprend le comment des choses identifiées ; en repoussant inlassablement les limites du connu, elle vise le point-source qui pourrait éclairer véritablement le pourquoi.
L’évolution du vivant se laisse reconnaître en serpentant dans ces va-et-vient expansifs ; qu’importe le pourquoi si le comment sème des graines d’émerveillement, témoigne du fabuleux de l’existence et de son essor tant micro que macrocosmique.
Concevoir le monde comme un champ de découverte, réaliser que nous sommes parties d’un grand Tout, reliées, reliant, invitées à jouer un rôle en s’inscrivant dans une trajectoire commune est une expression d’amour ; de cet amour qui rend libre en décuplant les forces de chacun sans entraver quiconque, car il sert un objectif commun. Au niveau humain il est respect, reconnaissance, confiance et don ; au niveau planétaire, il devient attraction-répulsion, rapports entre polarités qui s’ajustent au mieux l’une l’autre, dans une fluidité créatrice. Au niveau cosmique il parle de synthèse, de cohésion, d’économie pour s’exprimer dans le multiversel par des lois qui engendrent celles que nous connaissons, dans un mariage de comment et de pourquoi qui nous échappe encore.
Le pourquoi est une quête perpétuelle qui, à un certain stade, cesse de questionner l’origine pour répondre et accompagner ce qu’elle impulse afin que la vie se déroule dans sa magnificence. Ainsi débarrassés des attentes et des interdits quant à notre place, aux questions de sens, nous devenons passeurs, serviteurs d’essentialité afin d’accompagner le monde des causes jusqu’à ses expressions les plus pures en manifestation. Le pourquoi se fait alors lumière et rayonne à travers nous, sur un chemin où la vérité n’est plus qualité à découvrir, mais vibration à transmettre. Alors, nous servons, la vie répondant à l’essentiel qui exige l’oubli de soi pour que le souffle d’amour s’écoule à travers nous et perpétue en fractale, son tore impérissable.
Ainsi comment et pourquoi se font la courte échelle ; ils s’enlacent dans des flux et reflux qui entraînent des expansions de conscience chez ceux qui explorent inlassablement le champ des causes incertaines.
Tout dans l’existence, tout dans l’essence est polarisé ; en jouant la symphonie du comment dans le grand temple du pourquoi, nous cherchons humblement, autant que faire se peut, à servir le Monde.