Paradoxe
La lumière aveugle autant qu’elle éclaire ; omniprésente nous n’en connaissons que des échantillons non représentatifs ; elle rayonne, s’exhale et se déverse de jour comme de nuit, dans le subtil comme dans le manifeste, se jouant autant des sens qui cherchent à la percevoir que des mots pour la dire. Son rayon de diffusion varie selon la source-relais dont elle émane ; elle fonde l’Existence et l’ensemble de ses expressions qui, pour être, ne peuvent se passer de rayonner.
Les atomes qui constituent nos univers proches ou lointains sont les briques qui façonnent la totalité des formes qui peuplent la Terre, le système solaire et son au-delà ; ils rayonnent de par leur charge énergétique. L’âme, qui est la lumière du grand constructeur de ce monde, œuvre à tous les étages du chantier universel ; elle assemble les matériaux en une entité nouvelle capable de resplendir plus intensément que ne le peut la somme de ses parties. De même, quand elle retire son soutien aux grands édifices qu’elle a créés, quand d’imposantes démolitions s’opèrent, les particules de poussière ne cessent pas pour autant de diffuser alentour leurs qualités intrinsèques, elles rejoignent le grand réservoir de Vie afin d’être utiles à de nouveaux assemblages qui intensifieront la puissance de la lumière au cœur des cellules du vivant.
Mais, ce rayonnement échappe aux regards qui n’ont pas encore acquis leurs lettres de visionnaire. Dans les limites actuelles de nos capacités perceptives, le spectre de la lumière visible donne à voir ce qui aveugle et trompe en affichant le tableau que révèlent nos sens comme une réalité alors qu’il n’est qu’apparence ; apparat qui vient masquer, l’essence des choses, tout en la présentant.
Cette essence est le souffle du réel, elle est le réel qui s’habille pour se présenter, se travestit pour apparaître tout en trompant celles et ceux qui regardent ce qui aveugle quand ils cheminent pas à pas vers l’origine, le sens, et la cause de ce qui est. Nous en sommes là, découvrant l’omniprésence de la lumière à chaque levée de voile et oubliant cependant que nous habitons un monde de leurres dont il faut inlassablement nous défaire pour révéler sans faillir, notre nature essentielle et l’accorder au Grand Tout qui nous constitue et que nous constituons en retour.
Paradoxe du vivant, paradoxe du vu et du non vu, où le vu n’est que masque et le non vu, vérité sans cesse à dévoiler, à faire croître pour devenir conscient puis familier de la lumière afin de s’éprouver lumière en mouvement, évoluant au sein d’un océan de lumière.
La lumière est la qualité première de toute existence ; quand nous serons suffisamment nombreux à la percevoir et à reconnaître sa présence en deçà et au-delà de toutes formes, nous ne nous laisserons plus bernés par des images qui obstruent le réel en donnant à l’obscurité éclairée par des pollutions lumineuses, un statut de vérité éternelle.
Tout est là ; rien de nouveau sous le soleil ; il éclaire, donne vie et pourtant éblouit, voire brûle celles et ceux qui ne sont pas encore mis en cohérence avec la pulsation de lumière qui organise et structure tous les systèmes au sein desquels nous avons la vie, le mouvement et l’être.
Sacrée lumière, lumière sacrée qui vient témoigner de l’Unité de tout ce qui est.