Pas belle, quand on ne la voit que depuis le balcon de notre compréhension limitée.
Pas belles, toutes les horreurs et les guerres qui s’affichent.
Pas belles, les injustices, les malversations, les compromissions.
Pas beaux, les multiples égoïsmes.
Pas belle, la première ligne du tableau qui se présente au regard.
Et pourtant ! Derrière cette laideur se profile la beauté qui cherche à se dire, car pour s’offusquer de la laideur, il faut une idée du beau. Pour se révolter contre l’injustice, il faut une idée du juste. Pour dénoncer l’égoïsme, il faut une idée de l’altruisme, et pour condamner le mensonge, il faut une certaine idée de la vérité.

Nul ne peut critiquer ou désavouer une pensée, une parole ou un faire, sans l’inscrire au préalable sur une toile de valeurs reconnues et pleinement adoptées.
Nul ne peut s’indigner d’un inacceptable, sans être passeur d’un espoir dont il témoigne par les remous de sa conscience.
C’est dans ce sous-jacent à nos jugements et à nos réactions que se loge le beau en chemin ; c’est dans ce négatif que se dévoile la photo du monde de demain. C’est là l’exposition qu’il nous est demandé de préparer pour donner à voir notre humanité sous ses airs de progrès.

Tout ce qui révolte aujourd’hui atteste d’un profond mouvement qui traverse les sociétés et cherche à imposer de plus justes relations.
Quand l’injuste paraît, quand le vrai est source de conflit, quand chacun voit midi à sa porte, ils parlent d’un juste en devenir, d’un vrai évolutif et du soleil générateur de vie pour tous.
Le sort des formes est toujours tragique, vu depuis un certain regard, mais c’est cette tragédie qui incite à reconsidérer nos façons d’être au monde.

Il n’est pas de guerre qui ne se termine à terme par un traité de paix.
Quand nous serons capables de le comprendre et de le vivre profondément, nous serons des éclaireurs se consacrant à la paix, à des paix choisies et toujours plus inclusives, avant de passer par la case infernale de la guerre. Mais pour cela, il nous faut grandir en conscience, nous dégager d’une vision à court terme et définir ensemble le mieux pour tous.

C’est quand nous aurons trouvé un minimum d’accord sur ce mieux pour tous que nous pourrons conquérir la paix ensemble ; une paix qui ne soit pas de surface, mais une paix qui traduit l’expression véritable de l’adelphité et de la coopération entre humains pour que l’ensemble des Terriens prenne place allègrement dans le grand champ de la vie, en se reconnaissant les uns les autres comme cellules d’un grand monde dont ils ont à révéler la beauté.

Alors, pas belle la vie ?