Quand on aime, on ne compte pas
Quand on aime, on ne compte pas. Mais qui a dit ça ? Qui a décidé un jour d’inscrire l’amour dans une logique comptable, tout en précisant qu’il ne fallait pas compter ?
Et puis pourquoi l’amour se nomme-t-il amour ? Qui lui a donné son nom, un nom de cinq lettres qui commence par A ? Eh oui, amour en français commence par un A ! En anglais il commence par un L et n’a plus que quatre lettres.
N’en déduisons pas pour autant que les Anglais sont moins aimants que les Français ! Non.
Ni qu’ils se lassent plus vite, car Love commence par L ; ce serait ridicule !
C’est vrai pourtant qu’amour, ça commence par A, comme avec, avec l’autre. Mais si l’on s’amuse à rester dans le factuel, dans l’apparence, dans des considérations purement formelles, on a vite fait de dire n’importe quoi !
Eh oui, c’est ce que je viens de faire, et c’est ce que l’on fait parfois !
Quand on aime, on ne compte pas ; on ne compte pas sur l’autre pour nous nourrir, on ne compte pas sur l’autre pour nous rendre heureux, on ne compte pas sur l’autre pour nous dire ce que l’on a à faire ou ce que l’on ne peut pas faire.
Quand on aime, on ne compte pas sa disponibilité, car l’amour est un état d’être et non un rapport marchand. Il ne s’achète pas au supermarché de la relation, mais il se révèle quand on ouvre le regard sur ce qui se présente à chaque instant.
Quand on aime, on ne sélectionne pas, on accueille ! Mais quand on aime, on ne subit pas non plus, sinon l’amour aliène.
Quand on aime, on est libre, car on n’attend rien. C’est là son paradoxe.
Si l’on compte, on n’est pas dans l’amour, on est dans l’appréciation ; on distribue des bons et des mauvais points comportementaux à l’autre, en fonction de nos évaluations de ce qui est ou de ce qui devrait être.
Mais l’amour c’est une qualité avant d’être un agir ; une façon d’être et non une façon de faire.
Il ne connaît pas l’intérêt particulier, il ne thésaurise pas les points de relation, il se donne et se dispense sans désir de retour. Il est gratuit et comme il ne fait rien payer, il s’affranchit de toute logique comptable. Au pays de l’amour, ni ardoise, ni crédit, mais un libre-échange permanent !
L’amour est là naturellement, léger, joyeux, détaché et déconnecté de toute frustration. Ça, c’est sacrément reposant, bien qu’il ne cherche pas à se reposer. Il n’y pense même pas, tant sa nature épouse sans contrainte ce qui est, tant il inclut tout ce qui existe dans un même champ de liaison.
Et dans sa magie sans malice, il ne nourrit aucune liaison dangereuse ; il est le liant universel qui, dépourvu de toute peur, se déploie et diffuse sa force de plénitude contagieuse et contaminante.
L’amour est un passeport pour la joie ; cette contrée subtile où chacun peut se rendre sans risquer de le voir filer à l’anglaise.
I love it !