Réalisation

 In La rubrique de Frédérique

Lorsque l’humain découvre ce qu’il a réalisé, ce qu’il pourrait réaliser, ce qu’il devrait réaliser, il comprend que le réel résulte d’une pensée souvent muette, insaisissable, inconsciente, mais cependant active.
Le réel est la réalisation d’une pensée qui cherche à dire ce qui doit être ; mais ce que nous prenons pour réel est le reflet d’un irréel qui se targue d’essentiel ; en cela il laisse poindre incognito, à travers l’existence, le mystère à percer pour qu’apparaisse l’image première, née de l’esprit créateur.
En réalisant cette inversion fondamentale et ses méfaits en cascade, chacun peut remettre à l’endroit les visions qu’il a du monde. Car tout est reflet, tout vient d’une conception initiale qui s’est frayé un chemin jusqu’à la manifestation. Le pensé, à chaque étape de son incarnation, se dote de définitions qui colorent son essence d’interprétations et le rendent méconnaissable.

Mais le reflet est trace de ce qui est ; quand il se reconnaît comme tel, il regarde la source et refait le chemin qui l’a conduit jusque-là ; il s’emploie à retrouver sa pureté initiale en foulant le trajet de retour. En identifiant et en abandonnant toutes les couches d’apparat, toutes les falsifications qui se pensaient légitimes, il retrouve la limpidité originelle incrustée en son sein, qui exhale secrètement le subtil goût de l’Être.

Comprendre que nous évoluons et interagissons dans un irréel est le premier pas pour réaliser que la réalité à laquelle nous appartenons n’est pas celle du reflet qui nous parvient. À l’heure où ce qui se voit fait preuve, il est temps de réaliser que l’homme ne croit pas ce qu’il voit, mais qu’il voit que ce qu’il croit et nourrit les mirages qui habitent ses quêtes.
Nos équipements sont évolutifs, mais nous les jugeons immuables ; nos miroirs sont déformants, mais nous les imaginons fidèles ; nous savons que les sens humains captent un spectre limité de fréquences, qu’ils ne perçoivent pas les infrarouges, les ultraviolets, les infrasons, les ultrasons, et autres réalités vibratoires ; nous savons que seul le sensoriel donne corps à notre réalité, mais nous continuons à traiter d’indiscutable, un univers totalement reconstitué.

À l’instar de la physique, 99 % du réel nous échappe. L’équipement humain actuel propose une lecture partielle du Monde et si l’homme sait qu’il n’en est pas le centre, il dote pourtant sa vision, d’une aura de certitude.
Erreur de compréhension qui laisse prendre l’apparence pour la cause.
Erreur d’appréciation qui initie un travail de déconstruction lorsque nous réalisons que le vu n’est pas réalité, mais irréalité habillée d’illusions.

Cela incite à pénétrer les coulisses de la Vie, à remonter au-delà, bien au-delà de ce qui est vu, bien au-delà de ce qui est cru ; cela engage à retrouver le monde du pensé, le monde du penseur, le monde de l’incréé qui depuis ses rivages éthérés laisse entrevoir un plan, un bout de réel flottant sur une mer d’apparences. Présent depuis la nuit des temps, il est là, attentif, soufflant des airs de « reviens-y » et offrant sans compter les opportunités de l’accueillir.
De réalisation en réalisation l’irréel dévoile ainsi, sans relâche l’infini champ du réel.
Sacrée réalité !

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