À l’heure où il est bon de recycler, car le précieux de ce qui a été peut servir à l’exploration ou à la création de ce qui peut être, il devient aussi urgent de se recycler pour ne pas se cantonner à recycler nos déchets alimentaires ou nos appareils ménagers.
Recyclons nos peurs, recyclons nos travers, recyclons nos rancunes et l’ensemble de nos rengaines, non pour leur donner une nouvelle apparence, mais pour qu’elles servent de terreau à une nouvelle vie, épurée, transmuée, plus légère.

Recyclons nos critiques toujours porteuses d’une once de reconnaissance, fût-elle malveillante. Passons-les au tamis de la conscience pour découvrir les richesses de l’autre ou des situations qui nous sont présentées, au-delà du factuel et de l’événementiel.
Recyclons nos vieilles idées, nos opinions surannées ; portons les mots qui les composent, comme les maux qu’elles nous imposent à la grande déchetterie des passés rassis, mais encore trop prégnants pour construire ensemble les nouvelles normes issues du réservoir et des trop-pleins de nos hiers revisités.

Retrouvons le goût du nous ; cultivons-le, en unissant nos forces dans des ajustements plus délicats. L’alphabet permet de tout écrire ; le beau comme le moins beau ! Ce n’est donc pas lui qui est responsable de nos erreurs, de nos fautes d’accord, de nos fautes de temps, de nos fautes de grammaire quand nous oublions que le sujet ne se conjugue plus à la première personne du singulier si l’on se proclame véritablement Terrien.
L’alphabet permet de tout écrire, mais il n’est pas responsable de la teneur de nos écrits. Ce n’est pas lui qui dicte l’état du monde, mais les pensées humaines ; raffinons-les pour tracer en lettres de respect, les mots qui seront au frontispice de nos personnalités créatrices.

Si la devise Liberté Égalité Fraternité affiche des principes qui restent à incarner, les valeurs de coopération, d’équité, d’adelphité construisent un monde de plus justes relations.
Recyclons les idéaux d’hier pour qu’ils servent d’humus à ce que nous voulons voir germer. Recyclons les affects qui conduisent à la guerre.

Pour cela, repérons dans tous nos intérieurs les vibrations de conflits pour pacifier à chaque instant ce qu’il nous revient d’harmoniser. Soyons des stations d’épuration qui permettent d’abreuver l’alentour d’une eau saine à laquelle chacun, chacune peut se désaltérer sans peur et sans réserve.
Raffinons notre Terre en l’aérant, en la débarrassant de nos miasmes. Rendons-lui sa brillance ternie sous les couches d’intérêt personnel qui nous isolent les uns des autres.

Recyclons, recyclons et épousons à chaque instant les cycles du vivant pour danser ensemble la ronde du quotidien sur des musiques plus subtiles.
Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se recycle ! Alors, soyons des recyclés heureux, des recyclés aimants, des recyclés offrant leur potentiel transformateur, cycle après cycle, sans jamais se lasser de redonner au pot commun le meilleur de leurs sublimations.
C’est cela la nouvelle écologie !