Tu ne reposeras pas en paix !
En paix, mais pas au repos, car qui repose en paix cesse d’œuvrer activement dans l’existence, pour tirer leçon des expériences vécues par temps mouvementés ou plus calmes lors d’une incarnation passée.
En paix donc, mais en manifestation, en action dirigée ou subie, dans le but d’accéder à un monde plus juste, plus harmonieux, plus accordé où chacun, chacune trouve place dans un ensemble respectueux, dans un mouvement qui, à chaque instant, cherche à faire surgir un mieux, pour un nombre toujours plus grand de Terriens.
Mais qu’est-ce que la paix ?
Ne nous fions pas aux poncifs éculés ! Regardons-la, dans les tréfonds de sa genèse. Elle ne naît pas d’une absence de conflit, mais de sa résultante. La paix se conçoit, se décrète, s’accompagne, se nourrit grâce à une capacité partagée de conclure les querelles, de convenir d’un point de résolution qui permet aux parties opposées d’envisager collectivement de plus larges horizons et de s’y projeter. Elle offre une terre d’entente où vaguelettes, vagues ou tsunamis émotionnels sont endigués par une pensée apte à traiter les évènements et à les inscrire dans un futur commun. Elle est le fruit d’une vision à même d’envisager au long court, un projet de coopération, d’union, d’alliance convergente, quels qu’aient été les dissensions et les affrontements passés.
La paix s’engendre suite à divers combats ; ceux qui divisent les protagonistes, ceux des luttes intestines propres à chacun des camps, ceux qui opposent mémoire et oubli, passé et futur, profits particuliers et intérêts globaux ; elle donne à la raison des talents de panseuse quand elle provient d’idées ou d’idéaux nourris de bonne volonté et pensés sans partis pris. À cette condition, elle devient terrain de nouvelle culture, et s’envisage comme condition pour que germent de plus aimables relations.
Si aujourd’hui, des divergences s’affichent et revendiquent leurs primautés sans nuances, l’humanité doit apprendre à penser, à faire confluer les visions pour que de nouveaux paradigmes organisent le mieux vivre ensemble. Par l’attention portée à l’autre et la bienveillance, les contours d’un collectif toujours plus vaste se dessinent, deviennent plus inclusifs, passent de l’individu au groupe, à la nation et finiront par atteindre la Terre entière. Ainsi se construit une identité commune qui à chaque instant tente de découvrir le meilleur pour le plus grand nombre indépendamment de soi ; ainsi se dévoile l’urgente nécessité de voir les bienfaits pour tous, supplanter l’ère du bénéfice particulier.
Les humains ont oublié qu’ils ne peuvent remplir leur rôle qu’en s’associant, en se reconnaissant, en coopérant et en dépassant un à un, tous les affrontements qui, inévitablement surgissent sur le chemin évolutif.
La paix diffère du confort, même si elle semble confortable une fois les conflits apaisés. Elle est exigeante, elle n’est pas amour du bien-être, mais amour du bien commun.
Elle est un socle sur lequel avancer, un préalable indispensable pour écrire de nouvelles déchirures qui une fois reconnues, résolues, recousues renforceront le poids de l’unité. Converger, ce n’est pas trouver son compte dans un accord, mais trouver le point de ralliement qui permet véritablement l’union. Vaste champ de travail pour l’humanité qui apprend pas à pas à aimer.