Rien n’existe pas

 In La rubrique de Frédérique

Rien n’existe pas, car dès que nous entrons en existence, il se passe quelque chose.
Nous avons à faire avec ce que nous sommes ; bien ou mal venus nous plongeons dans un contexte déjà chargé de mémoires, et ça, ce n’est pas rien ! Bien ou mal conçus, nous avons un corps, des ressentis et plus tard des idées.
Pas de place pour le rien, quoiqu’on en dise ; pas de place pour ce rien si souvent employé dans les échanges, pour tromper l’instant qui est toujours plein.

Rien résulte de l’ordre particulier de quatre lettres qui, agencées différemment se transforment en nier. Ainsi penser à rien, c’est nier le monde de la présence qui nous traverse et nous habite, mais que nous ne reconnaissons cependant, pas toujours.
De même, traiter un autre de bon à rien est inapproprié ; car ce serait nier les compétences innées ou acquises, les potentiels et la capacité d’évoluer, à celui dont on parle ou à qui l’on s’adresse.

Bon à rien, bonne à rien ! juste un jugement qui nie à l’autre ou à soi-même une possibilité d’y arriver. Mais arriver à quoi ? Arriver à l’objectif que d’autres ont fixé ? Dans ce cas, être bon à rien, est un acte de résistance ; c’est d’une certaine façon refuser ce qui nous est proposé de faire, quand un autre nous impose quelque chose qui n’est pas accordé à nos possibilités, à nos désirs, à nos convictions ou à nos idées.

Chaque fois que nous nions l’autre dans son devenir, chaque fois que nous bouchons notre propre horizon, chaque fois que nous nions les émotions, les opinions, les actions, ou ce qui agite les inconscients, nous ne permettons pas à l’autre de se reconnaître ou nous ne nous reconnaissons pas nous-mêmes.
Car c’est d’abord dans le miroir qu’est le regard d’un autre que nous prenons conscience de notre identité. C’est d’abord dans le regard d’un autre que s’inscrit notre histoire, que nous découvrons notre puissance, notre courage, notre potentiel et que nous trouvons un sens qui permettra de les mobiliser.

Se traiter soi-même de bon à rien, c’est donc trouver alibi pour mieux démissionner, mais cela nous regarde. Traiter l’autre individu ou collectif de bon à rien, c’est le nier, l’abaisser, lui couper l’herbe sous les pieds.
Bien sûr cette violence réveille la force chez certains et les pousse à se construire malgré l’adversité et c’est bien ; ce bien qui diffère de rien, par une lettre unique. Ce bien nous unit, car il prouve que tout dans l’existence est sorti d’un rien qui niait l’évidence ; et ça, ce n’est pas rien !

Rien n’existe pas, il ne peut rien qualifier, et ça, c’est plutôt bien ! Nul être n’est bon à rien, car nous sommes bons au-delà de nos peurs et de nos limites, et ces petits riens qui sont des pleins, en vérité, nous conduisent à reconnaître les potentiels inouïs de notre humanité.
Nul ne peut nier qu’un bien vaut beaucoup, beaucoup mieux qu’un rien !

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