Sens commun
L’Éducation devrait progressivement accompagner l’affinement des sens et insister sur le côté perfectible et toujours relatif de nos perceptions. Ainsi chacun, du point de vue qui est le sien, comprendrait qu’il est un capteur, un passeur, un informateur de réel et ne jugerait plus l’autre comme un mécréant qui regarde le monde par un autre petit bout de lorgnette que le sien.
Les sens donnent accès à des informations indispensables à la survie, mais ils permettent aussi d’aller bien au-delà. Avec le développement du mental se dessine un sens commun qui organise les sensations que nous collectons et les associe pour les rendre intelligibles, intelligentes, adaptatives. Ainsi par le truchement de multiples combinaisons sensitives et mentales, nous accédons à une intégration croissante de pans de vérité.
Ce sens commun est une faculté que nous partageons tous ; il orchestre par son aptitude transversale les autres canaux de préhension du réel, coordonne nos approches sensorielles et ouvre les portes de domaines d’exploration avec lesquels nous sommes en phase.
À défaut, certaines zones restent et resteront inaccessibles, car nous ne sommes pas encore aiguisés vibratoirement pour les percevoir et les pénétrer.
Éduquer la sensibilité ouvre sur l’immensité du réel ; cela inscrit chaque être comme partie d’un tout qui l’engendre et qu’il constitue en retour, puis trace en filigrane une représentation de l’unité fondamentale dont nous sommes tous issus. Ainsi s’objective progressivement le lien indéfectible qui unit l’ensemble des cellules humaines, la Terre et les Terriens.
Si nous sommes les seules créatures en manifestations à posséder un sens commun, apprenons à le connaître, à utiliser l’ensemble de ses potentiels, à en découvrir toutes les subtilités et faisons de ce privilège le liant de notre communauté.
Il est un tremplin qui projette de multiples expansions de conscience à mesure que nous ouvrons nos champs de perception, de traduction, de connaissance et d’entendement.
Apprendre à éduquer à l’infini, c’est se penser toujours en mutation dans un mouvement de vie éternel qui s’actualise en permanence.
Penser qu’aucun état n’est pérenne parce qu’il s’inscrit dans une transformation incessante est ouverture ; cela permet de nous concevoir et de concevoir les autres comme des individus sans cesse en devenir, capables de pénétrer le réel et d’en explorer les profondeurs toujours plus avant.
L’éternité, l’infinité forment le cadre de l’évolution ; elles sont l’abscisse et l’ordonnée de nos espaces de manifestations qui n’ont pour frontières que les limites de nos représentations.
Éduquer à l’absolue relativité de nos perceptions, de nos compréhensions et à la joie de la découverte et du partage permettra de révéler notre unité fondamentale et donnera, à terme, la clef de la fraternité universelle.
La voie de la recherche sensible nous y conduit, les sens sont les vecteurs de la connaissance, le mental en est l’organisateur et ensemble ils cheminent vers l’intuition qui révèlera une Vérité encore inaccessible.
Mais tout vient à point pour qui s’attelle à chercher !