Si ça brasse, c’est bon signe
Si ça brasse, c’est bon signe, car si ça brasse c’est qu’il y a des choses à comprendre ; et s’il y a des choses à comprendre, c’est que quelque chose n’est pas encore compris.
Alors là, bravo ! comme lapalissade, y’a pas mieux ! Tout le monde a compris ça depuis belle lurette.
Oui, mais compris ne veut pas dire intégré ; ce n’est pas parce qu’on sait qu’il y a toujours quelque chose à découvrir sur le chemin de l’évolution, que l’on se met forcément en route ; justement ! C’est même parfois le contraire, car tout content d’avoir compris quelque chose un jour, on aime camper sur nos positions, sur nos conceptions qui n’alimentent plus l’ouverture de conscience, mais les a priori qui enferment dans les lumières d’un hier qui n’éclairent plus que le passé.
Or, à n’éclairer que le passé nous voilà bien en peine d’avancer.
Et c’est là que ça brasse ! C’est là que ça brasse et que ça vient interroger notre façon d’être, sans pour autant mettre les mots sur les maux qui nous traversent. Quelque chose ne va pas, quelque chose ne va plus, et ce quelque chose de connu qui sent l’imperfection se tient en lieu et place d’une possible mutation pour ne pas avoir à être interrogé.
Ça brasse, car il y a des freins qui viennent dire qu’il est utile de changer de point de vue, de façon de faire et d’agir pour adopter une nouvelle vision. Les déjà vus, déjà sus, déjà compris s’opposent à ce qui donnerait au présent une touche de renouveau imprégnant la conscience d’un p’tit air de croissance. À défaut, elle se justifie pour conforter ses choix désuets et éviter toute transformation.
Si ça brasse c’est qu’il y a quelque chose à comprendre, quelque chose à transmuter, à épurer, à affiner pour alléger les bagages de nos hier trop chargés et nous permettre d’avancer. Et c’est là que nous cherchons des caddies pour poser et pousser nos valises vers l’avenir sans rien changer.
Mais ce n’est pas comme ça qu’on avance plus vite !
Non, on se donne l’impression de s’alléger parce que le chariot qui porte à notre place facilite le travail, mais finalement il ne transforme rien ; il donne l’illusion de se mouvoir sans trop peiner avec ce qu’il serait urgent de recycler pour s’engager plus léger sur un autre chemin.
Mais là, ça brasse encore, et il faut choisir de se départir de ce à quoi l’on tient, de ce à quoi l’on croit, de ce qui nous emplit pour faire un peu de place à ce qui invite à la rénovation. Le neuf vient dire qu’on ne peut faire l’économie d’une revisite du vieux sans épuration, si l’on souhaite qu’il s’installe, sans se décoller aux premières pluies du printemps.
Quand ça brasse, c’est bon signe, mais c’est pas forcément confortable.
Ça exige recyclage et grand ménage, à tous les âges
Si ça brasse, c’est bon signe… qu’on se le dise !