Tire-toi !
Tire-toi ! Selon que l’injonction nous ordonne de nous hisser quand il s’agit de « tire-toi vers le haut » ou de nous éloigner dans le « tire-toi » d’un « va croupir ailleurs », le tir ne demande pas à la flèche le même itinéraire.
Entre tir et tire, le e muet qui initie, espoir, envie, essence et existence…
Tire-toi nous dit aussi dans un ordre différent : trie-toi ! Là, la malice vient nous présenter dans son autre façon d’agencer les lettres, un chemin que chacun peut aussi emprunter.
Dans le tire-toi vers le haut, il s’agit de trier les bagages que nous emportons pour une élévation particulière. Selon le but que nous fixons et la hauteur des sommets à atteindre, nous devons nous alléger de l’inutile, du futile, des casseroles et des souvenirs plombants pour voyager léger.
Toute ascension nécessite une préparation et propose de n’emporter que l’indispensable si nous voulons véritablement atteindre l’objectif.
S’alléger invite à trier ce que nous gardons, ce que nous prenons, ce que nous abandonnons, à en faire le tour dans les méandres des souvenirs associés et à oser nous séparer de ce qui n’a plus lieu de nous accompagner.
Drôle de tri pour un nouveau tir ! Mais l’archer qui bande son arc, ne peut rester engoncé dans de multiples apparats s’il veut viser au plus près de la cible à atteindre.
Le tire-toi, « va croupir ailleurs », c’est aussi ce que nous pouvons dire aux miasmes qui nous collent à la peau et nous enfoncent dans des manières de faire, de nous mouvoir, et de penser qui datent d’hiers qui n’ont plus « temps de cité », mais à qui nous donnons encore parfois, « droit de cité » en dehors de toute légitimité réelle.
Tire-toi vers le haut, fais le tri !
Choisis une flèche, tire-la et rejoins-la, car tirer des flèches en tous sens n’aide en rien à opter pour un chemin évolutif.
« Marche ta parole » disent les amérindiens à qui nous pourrions répondre : « marche vers ta flèche », et sans cesse retrouve-la. Tire les leçons du chemin emprunté, assume la transformation qui en découle et relance-la.
Il n’y a pas de repos pour l’archer qui apprend l’art de poser ses pas sur le chemin qu’il trace, en suivant une lumière qui sert de phare au-delà de l’horizon.
A chaque pas, sa ligne s’éloigne, mais à chaque pas le chemin qui reste inlassablement à parcourir, se dévoile.
Une avancée sans fin dans une progression qui nous invite à abandonner ce qui nous alourdit et alourdit le monde. Ainsi, nous cheminons vers cet ailleurs glorieux, toujours plus léger, toujours plus nombreux en direction de ce qui est lumineux.
Tirons-nous vers le haut ensemble, il n’y a pas d’autres solutions pour ne pas croupir ici.
Tirons-nous vers le haut et avançons léger. C’est la leçon des migrations choisies, la leçon des avancées possibles de notre humanité.