Tout va bien
Écouter le Silence à travers les bruits pour percevoir l’Unité sur laquelle tout s’inscrit et entendre la puissance du non-dit.
Tout est là, Tout accueille en son sein le brouhaha de nos agirs, de nos émois, de nos pensées.
Tout va bien, mais nous n’en savons rien !
Perdus dans l’océan de nos malaises, de nos souffrances, voire même de nos plaisirs, nous oublions l’au-delà ; cet espace matriciel d’où nulle forme d’existence ne peut s’extraire, car il nous constitue, s’insinue dans chacune des particules qui nous composent pour prendre le pouls de la vie qu’il distille à dessein.
L’au-delà, c’est aussi l’en deçà, l’omniprésence substantielle qui relie chaque élément au Tout, le liant des mondes visibles et invisibles, la subtilité du bien qui se glisse en tous points et se masque parfois de difficultés et d’insatisfactions pour paraître au grand jour.
Le réaliser aide à pénétrer l’univers magique du quotidien. Nos galons de magiciens se gagnent chaque fois que nous identifions ce qui ne va pas, car cette opération présuppose que nous sachions, ne fût-ce qu’imparfaitement ce qui devrait être.
En déposant dans l’athanor commun, l’ensemble de ce qui plombe nos destinées pour le transmuter, nous faisons sortir du silence, l’or dont il est porteur.
Toutes nos appréciations s’inscrivent dans un dualisme qui nous échappe souvent ; elles répondent d’une culture qui colore nos jugements plus que nous le pensons. Ainsi le mal-être parle d’un bien-être possible, l’injustice s’inscrit à contrario d’une image de justice, le laid traduit l’absence de beau, donc sa présence dans nos esprits, et le trop se réfère à un équilibre qui sous-tend son jugement même s’il reste muet.
Dans ce silence qui sert d’écran à nos représentations, nous voyons se projeter quelques-unes de nos préoccupations, ou se planquer ce que nous ne sommes pas encore en capacité d’apprécier.
L’état de bien est là, présent en permanence, et le chaos l’atteste quand il l’éclipse et le supplante. S’il n’était pas imperceptiblement reconnu, le bien n’inscrirait pas entre les lignes de la désorganisation, les lettres d’ordre et d’harmonie qui permettent de le reconnaître.
Notre vision du monde est monoculaire et nous prive de perspective. Voir les choses dans leur complexité oblige à relativiser nos lectures.
Sans la page qui supporte les écrits, rien ne s’inscrit.
Sans le silence qui porte nos bruits, rien ne se dit.
Sans un bien qui trouble nos moins bien, rien ne progresse.
Sans l’espoir qui se prodigue à l’envi, rien n’incite à cheminer de l’obscurité à la lumière.
Sans la bonne volonté qui dit notre humanité, rien ne vient occire nos opinions et nos comportements désuets pour faire le lit de joyeux lendemains.
Sans tout cela, il n’y aurait pas « l’avec » qui épouse les valeurs d’unité et révèle le don du Silence, de l’Espace à la Vie, à nos vies que l’existence invite à retrouver.
Tout va bien et nous invite à le rejoindre…