Voir, comprendre et se laisser surprendre
Les degrés du voir suivent un chemin de lumière et marquent les étapes de nos progressions de conscience.
Voir suppose que s’imprègne sur la rétine une image. Celle-ci devient reflet qui dessine une réalité fictive à laquelle nous croyons dur comme fer, car voir prouve ; voir semble vrai ; voir en impose, alors qu’il est un leurre qui masque l’invisible et son immensité.
Voir esquisse des frontières qui arrêtent le regard.
Voir adopte un focus, prend pour cible un objet, une situation qui par contraste se détache d’un fond pour mieux nous apparaître.
Voir peut aussi faire le point sur un concept. De là s’inscrivent des compréhensions qui saisissent au-delà des mots un sens qui trace dans notre esprit, de nouvelles voies de lumière.
Le trait change alors, il quitte l’espace physique pour le champ des idées ; en épousant cette autre dimension, il donne à la pensée de nouvelles perspectives. Ainsi, voir prend de la profondeur et façonne nos réflexions, les alliant à d’autres points de vue.
Voir depuis le monde mental ouvre à de nouveaux entendements qui permettent de connaître de façon plus intérieure ce que la vue physique isole et identifie.
Mais voir risque de cantonner aux vues d’hier, ceux qui s’installent dans des perceptions, des conceptions, des raisonnements qui coupent de l’inédit.
Voir doit aussi pouvoir surprendre en accueillant la vie et ce qu’elle présente sous les lueurs physique, éthérique, mentale et essentielle. Quand la lumière de l’âme éclaire, elle dévoile d’autres sentiers à défricher, ouvre sur de nouveaux possibles et invite à la transformation.
En se laissant surprendre, nous sortons des zones trop claires de nos habitudes pour découvrir des espaces restés jusqu’alors insoupçonnés.
Voir, comprendre et se laisser surprendre est un chemin cyclique. Comme le jour succède à la nuit qui le suit inlassablement, notre vue s’arrête sur un objet, une idée, une réalité physique, émotionnelle ou mentale. Elle peut ensuite la comprendre, l’adopter, en explorer toutes les dimensions sans rester cantonnée au vu, au compris et épouser l’au-delà, toujours source de surprises. Car une fois la surprise vue, intégrée, vient l’invitation à poursuivre le chemin pour dépasser les frontières de nos compréhensions et l’opacité de nos vérités. Au terme de ce parcours de lumière, la radiation fondamentale de notre être essentiel resplendit.
Voir est donc une étape, comprendre en est une autre, se laisser surprendre un état d’être qui renforce notre capacité à ne pas arrêter notre regard.
En quittant l’image fixe pour épouser le mouvement incessant de la vie, nous pénétrons au-delà de tous nos déjà-vu. Ainsi dans cette danse incessante, l’ampleur du vivant et l’amour qui le sous-tend se révèlent.
La lumière est le vecteur de l’amour. « Et dans la lumière vous verrez la lumière » ; c’est du déjà dit, mais cela s’éclaire différemment à chaque pas sous le soleil.